On apprenait le 9 mars dernier que Ibrahim Awwad Ibrahim Ali Mohammed al-Badri al-Samarrai, mieux connu sous le nom de Abu Bakr al-Baghdadi, le calife autoproclamé de l'État islamique (EI), avait fui Mossoul. Des analystes avaient alors affirmé que le chef de l'EI s'était réfugié dans le vaste désert inhospitalier qui s'étend le long de la frontière entre l'Irak et la Syrie, et qu'il était protégé par des tribus sunnites.
Or, les choses ont évolué depuis : selon des sources de haut rang des services de renseignement irakiens, al-Baghdadi se trouverait maintenant en Syrie, plus précisément dans la région de Abou Kamal, et il s'apprêterait à se rendre à Raqqa - si ce n'est déjà fait, de facto la capitale de l'EI, pour prendre le commandement de ses troupes.
Depuis quand y serait-il ? Des informations contradictoires ont circulé à ce sujet, cependant qu'il aurait franchi la frontière syrienne le 11 mars dernier, selon les mêmes sources. Pour les uns, il aurait amorcé son périple vers Abou Kamal après avoir quitté Mossoul au début de mars, mais pour le secrétaire d'État britannique des Affaires étrangères et du Commonwealth, Boris Johnson, al-Baghdadi aurait quitté Mossoul dès l'automne dernier à l'approche des troupes irakiennes.
En février, le premier ministre de l'Irak avait annoncé que le chef de l'État islamique vivait pratiquement seul dans la clandestinité et qu'il était surveillé de près par le renseignement irakien. Le «calife» porterait une veste piégée au cas où il serait découvert, selon le colonel John Dorrian, porte-parole de la coalition dirigée par les États-Unis en Irak.
Méfiant, al-Baghdadi aurait depuis longtemps abandonné les téléphones pour communiquer avec ses hommes et il serait constamment en mouvement, dormant chaque nuit à différents endroits.
L'étau se resserre
Il est donc plus qu'évident que l'étau s'est resserré autour du chef de l'EI depuis les débuts de la campagne de Mossoul. Déjà, un de ses proches cousins, Mohammed Abdulwahad Mohammed, avait été capturé le 5 mars dernier par la police fédérale irakienne.
L'homme de 46 ans à la longue barbe rousse a été placé en détention dans un lieu secret.
Selon des personnes qui l'auraient aperçu à la frontière syrienne, al-Baghdadi, dont la tête a été mise à prix pour 25 millions de dollars par les États-Unis, serait gravement malade et il aurait gardé des séquelles de blessures subies lors de frappes aériennes survenues en janvier.
Ce n'était pas la première fois qu'on le disait blessé. Certains avaient même déjà annoncé sa mort, comme en fait foi cet article paru en octobre dernier, où il était question d'empoisonnement.
Fin imminente de l'État islamique?
Les forces de l'État islamique ont fondu comme neige au soleil au cours de la dernière année. La Syrie apparaît maintenant comme le dernier bastion de l'organisation djihadiste. D'aucuns n'osent prédire le moment où sa chute surviendra, mais chose certaine ce ne serait qu'une question de temps. À la mi-mars, des troupes de Rangers de l'armée américaine ont franchi la frontière syrienne, suivis par 600 Marines. Ces effectifs mèneront la bataille aux côtés des Forces démocratiques syriennes, une milice multiethnique à dominante kurde.
Précisons en terminant que lors d'un discours tenu au moment de l'assaut contre les quartiers situés dans l'ouest de Mossoul, al-Baghdadi aurait reconnu la défaite et appelé ses partisans à se cacher dans les régions montagneuses.