Le ministère de la Défense de la Russie a déclaré qu'il enquêtait sur des rapports selon lesquels le dirigeant de l'État islamique (EI), Abu Bakr al-Baghdadi, aurait été tué lors de bombardements en Syrie le mois dernier.

L'attaque aérienne avait été effectuée le 28 mai par l'armée russe en périphérie de Raqqa, en Syrie, la capitale de facto de l'EI, contre un poste de commandement où les dirigeants du groupe islamique s'étaient rencontrés, selon un communiqué du ministère.

Scepticisme au sein de la communauté internationale

Le colonel Ryan Dillon, porte-parole de l'opération de la coalition dirigée par les États-Unis contre l'EI en Syrie et en Irak, a déclaré qu'il «ne peut pas confirmer ces rapports en ce moment».

Il faut dire que la mort d'al-Baghdadi avait été annoncée à quelques reprises par le passé, mais les informations à ce sujet s'étaient au bout du compte toutes révélées fausses.

Les Russes ont déclaré que la frappe du 28 mai avait ciblé une réunion de dirigeants de l'État islamique. Une trentaine de commandants de niveau intermédiaire et jusqu'à 300 militants qui agissaient comme gardes du corps étaient également présents à cette réunion. C'est à l'aide d'un drone de surveillance que les Russes avaient pu confirmer l'emplacement de cette réunion.

Plusieurs ont par contre affiché leur scepticisme face à cette annonce russe ce matin. On s'interroge, entre autres, sur l'attitude des dirigeants de l'EI qui n'ont pas l'habitude de se réunir en aussi grand nombre, de crainte, justement, d'être la cible de bombardements aériens.

L'ex-lieutenant-général Mark Hertling, par exemple, a dit qu'il prenait plus ou moins au sérieux l'information russe.

Un homme secret

Al-Baghdadi a toujours gardé un profil bas, s'exprimant à l'occasion dans des vidéos et des messages audio. Il avait prononcé un sermon en 2014 dans une mosquée de Mossoul, en Irak, où il s'était autoproclamé leader officiel du grand califat islamique.

Ce sont d'ailleurs les seules images vidéo obtenues du chef de l'EI à ce jour.

Rappelons que les forces américaines l'avaient capturé à Fallouja, en Irak, en 2004. Il avait été libéré en 2009, et c'est à ce moment qu'il avait mis sur pied, avec quelques militants, une milice qui allait devenir l'État islamique.

Les autorités américaines ont offert une récompense de 25 millions de dollars pour des informations conduisant à sa capture. On sait qu'il s'était récemment réfugié en Syrie depuis la reconquête de Mossoul par les forces irakiennes.