L'Institute for Gulf Affairs (IGA), une organisation de défense des droits de l'homme basée à Washington, vient de publier un rapport d'enquête exclusif sur des ressortissants saoudiens aux États-Unis qui auraient pris part au djihad syrien et irakien au cours des trois dernières années. Selon l'IGA, environ 400 de ces ressortissants qui étudient dans des institutions académiques aux États-Unis se sont en effet joints à des groupes djihadistes, principalement l'État islamique. Certains d'entre eux possèdent même la double nationalité américaine et saoudienne.
Les autorités américaines dans l'ignorance
Ce qui peut paraître surprenant, c'est que les autorités américaines ont été laissées dans l'obscurité complète en ce qui concerne la fuite des Saoudiens vers la Syrie et l'Irak. Ce sont deux membres de l'IGA qui les en ont informés lors d'une rencontre avec deux agents du FBI et un officiel du Conseil de sécurité nationale en avril 2014. Or, l'enquête de l'IGA montre que le gouvernement américain n'a rien fait à la suite de cette rencontre pour contrer le phénomène. Et jamais l'information fournie par l'IGA n'a été partagée soit avec d'autres agences, soit avec le Département d'État qui délivre des visas à des dizaines de milliers de Saoudiens chaque année.
Les ressortissants saoudiens constituent le plus gros contingent de résidents américains qui ont quitté les États-Unis pour aller rejoindre l'État islamique, le Front al-Nusrah (devenu Hay'at Tahrir al-Sham) et d'autres groupes qualifiés de terroristes. Au moins deux des étudiants que l'IGA a pu identifier sont morts au combat; ils avaient étudié à l'université Virginia Commonwealth et à l'Université Old Dominion, toutes deux situées en Virginie.
D'autres avaient étudié en Géorgie, au Massachusetts, en Californie, en Illinois et au Texas.
Fait à noter : Louis Freeh, un ancien directeur du FBI, avait été embauché pour représenter l'ex-ambassadeur saoudien à Washington, Bandar bin Sultan, dans une affaire de pots-de-vin. Le contrat était d'une valeur d'un million de dollars.
Le gouvernement saoudien savait
Le gouvernement saoudien gère un système de surveillance sophistiqué qui lui permet de traquer les mouvements de ses ressortissants à l'étranger. C'est pourquoi il était très bien au fait des déplacements de quelques-uns d'entre eux vers la Syrie et l'Irak. Le système est supervisé par le ministère de l'Intérieur saoudien et comprend la vérification des empreintes digitales. Or, le rapport de l'IGA révèle que Riyad n'a jamais révélé aux autorités américaines que certains de ses ressortissants étaient partis pour le djihad et qu'il n'a mené aucune action concrète pour empêcher que de tels événements se reproduisent.
Ironiquement, cette nouvelle paraît au moment où l'Arabie Saoudite, en compagnie d'autres États du Golfe persique, fait pression sur le Qatar, sur fond de crise diplomatique, pour qu'il cesse de financer des groupes terroristes.