Le Japon et les Etats-Unis ont réclamé ce matin en urgence la tenue d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU. En effet, la Corée du Nord, dernier régime stalinien existant sur la planète, vient de provoquer une nouvelle fois ses voisins en effectuant un tir de missile d'une portée inédite, "capable de transporter une grande et puissante tête nucléaire" et d'atteindre les bases de l'ennemi américain dans l'océan Pacifique.
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un aurait lui-même supervisé le tir avant de féliciter ses "responsables de la recherche balistique".
C'est l'agence d'information officielle de la Corée du Nord, KCNA, qui a annoncé la nouvelle. Le missile, baptisé 'Hwasong-12', d'une portée "moyenne à longue", ne serait pas encore capable d'atteindre l'Alaska, mais pourrait, selon John Schilling, expert en armement à Washington, inquiéter les bases américaines en place en Corée du Sud et au Japon, mais également sur l'Île de Guam dans l'océan Pacifique. KCNA rapporte que le missile a atteint une altitude de 2111 kilomètres avant de retomber en mer du Japon à 787 kilomètres de la Corée, "précisément à l'endroit prévu".
Mais selon Jeffrey Lewis, chercheur californien de l'institut Middlebury, ce type de missile pourrait s'écraser à 4500 kilomètres de sa base près de Pyongyang. Hormis les tirs de fusée, c'est l'opération la plus importante "jamais testée" par les équipes de Kim Jong-un.
Quels objectifs pour la Corée du Nord ?
L'objectif du régime de Pyongyang est clair : il espère être bientôt capable de lancer une bombe nucléaire sur ses ennemis, malgré les nombreuses mises en garde et sanctions décidées à son encontre par le Conseil de sécurité de l'ONU. Ce tir, le deuxième en deux semaines, pourrait également avoir pour objectif de provoquer la Corée du Sud qui vient d'élire un nouveau président, Moon Jae-in, pourtant partisan du dialogue avec le voisin du nord.
Mais selon des spécialistes interrogés par 20 Minutes, le calendrier des tests de missiles nord-coréens est prévu de longue date.
Autre objectif possible recherché par Kim Jong-un : répondre aux provocations du président américain Donald Trump, qui a récemment envoyé un porte-avions au large de la Corée tout en se déclarant prêt à régler le problème nord-coréen seul et par la force. Néanmoins, ses propos se sont récemment apaisés et Donald Trump s'est déclaré prêt au dialogue avec le régime de Pyongyang grâce à la présence de diplomates des deux pays à Pékin. La Chine est en effet l'un des seuls alliés de la Corée du Nord, par conséquent bien placé pour mener les négociations.
Quelles menaces pour la paix dans le Pacifique ?
Toutefois, malgré les annonces officielles de Pyongyang par la voix de son agence de communication officielle KCNA, rien ne prouve encore que la Corée du Nord est capable d'intégrer une arme nucléaire au missile balistique tiré ce week-end, ni de pénétrer dans l'atmosphère terrestre pour atteindre l'île américaine de Guam, située à 3400 kilomètres de la péninsule de Corée. Mais si cela est avéré, une étape supplémentaire serait franchie dans l'escalade dangereuse qui menace l'est de l'Asie. De son côté, le leader nord-coréen Kim Jong-un se déclare "prêt à contrer" n'importe quelle provocation militaire en provenance des Etats-Unis.
Du côté de l'ONU, la réunion du Conseil de sécurité pourrait avoir lieu demain mardi dans l'après-midi.
La Maison Blanche pourrait demander des sanctions plus fortes à l'égard de la Corée du Nord. Quant à la Chine, elle réclame fermement que "toutes les parties" calment les tensions afin de pouvoir dialoguer sereinement.