Les Catalans se sont dressés. Plusieurs milliers de manifestants se sont rassemblés mardi devant le quartier général de la police nationale espagnole lors d'une journée de grève organisée afin de protester contre la violence policière lors du référendum de dimanche dernier sur l'indépendance catalane. Alors que Madrid est confrontée à une forte pression afin de tenter de résoudre sa pire crise politique depuis des décennies, la foule s'est rassemblée à Barcelone, entonnant des chants en faveur de l'indépendance et appelant la police espagnole à quitter la région.

À Barcelone, la police municipale a déclaré qu'environ 15 000 personnes avaient participé à cette grève. Beaucoup étaient d'ailleurs drapés dans le drapeau bleu, jaune et rouge de la Catalogne en criant que « les rues seront toujours à nous ». L'organisation de cette grève est intervenue rapidement après la clôture du référendum dimanche. De nombreux syndicats et des groupes indépendants ont ainsi demandé aux travailleurs de la Catalogne d'observer une gréve partielle ou totale. « Une attaque contre la démocratie sans précédent appelle à une réponse unie », a justifié Javier Pacheco, secrétaire général en Catalogne du syndicat Comisiones Obreras (CCOO). « Nous avons appelé toutes les sections à participer ».

D’ailleurs, alors que les sections catalanes des syndicats CCOO et UGT (les deux principaux syndicats en Espagne) soutiennent la grève, les dirigeants nationaux des deux organisations ne le sont pas. Les écoles et les universités ont ainsi été fermées mardi et la plupart des petites entreprises étaient closes. Les syndicats avaient appelé à l'arrêt du travail afin de « condamner vigoureusement » la réponse policière au référendum de dimanche, après lequel le chef de la Catalogne a déclaré que 90% des électeurs avaient soutenu l'indépendance de la Catalogne vis-à-vis de l'Espagne.

La Catalogne gagne la guerre de l'image

C'est d'ailleurs tout Barcelone qui a tenu à afficher son unité dans cette période délicate. Le musée d'art contemporain de Barcelone et la Sagrada Família, lieux hautement touristiques et très populaires, ont eux aussi fermés leurs portes mardi. Symbole s'il en est de la Catalaogne, le FC Barcelone a lui aussi tenu à faire passer le message.

Les dirigeants blaugranas ont expliqué qu'ils participaient à la grève, ajoutant que le club avait fermé son quartier général et qu'aucune de ses équipes professionnelles ou de jeunes ne s'était entraînée mardi. Une unité qui fait grincer des dents du côté de Madrid. Le gouvernement a rejeté le sondage de dimanche, le considérant comme « une farce » et le jugeant anticonstitutionnel. Pour rappel, au moins 893 personnes et 33 policiers auraient été blessés dimanche après que les policiers anti-émeutes ont pris d'assaut les bureaux de vote et dispersé les électeurs présents en tirant des balles en caoutchouc. La police était clairement là pour empêcher les gens de voter, ce qui a eu le donc de créer des émeutes un peu partout en Catalogne, une région qui, selon les experts, représente un cinquième du PIB de l'Espagne.

Cette crise attire désormais l'attention de la communauté internationale. Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a exhorté Madrid à éviter d'utiliser davantage la violence. Le Parlement européen tient un débat ce mercredi sur cette question. Mais de son côté, la Catalogne tient bon. Le chef du gouvernement catalan, Carles Puigdemont, a déclaré dimanche que la Catalogne avait « gagné le droit à un État indépendant ». Puigdemont a d'ailleurs fait appel à une médiation internationale afin de résoudre cette crise... qui semble difficile à trancher tant Barcelone et Madrid campent sur leurs positions.