Vendredi 24 novembre, une attaque meurtrière a été perpétrée contre une mosquée égyptienne, nommée Al-Rawdah, dans le nord du Sinaï, dans la commune de Bir Al-Abed, lors de la grande prière hebdomadaire.

L'attentat le plus sanglant de son histoire

L'Égypte, bien qu'ayant été de nombreuses fois le théâtre de guerres religieuses, notamment pour les meurtres de chrétiens coptes par des groupes islamistes extrémistes, a subi cette fois un attentat dont les raisons de conflit intra religieux sont de plus en plus pointés du doigt par les autorités égyptiennes.

En effet, les fidèles de la mosquée Al-Rawdah appartiennent à un courant mystique de l'Islam appelé le soufisme. Il a la particularité d’exister aussi bien dans l’Islam sunnite que dans l’Islam chiite. Il se démarque par son caractère ésotérique, considérant le Coran non pas comme une finalité, mais comme un préalable à partir duquel, à travers plusieurs initiations, l'adepte parvient à en extraire la substance divine, leur permettant d'accéder à la vérité, autrement dit Dieu. Les soufis sont décriés par de nombreux adeptes appartenant à d'autres courants de l'islam, leur reprochant d'avoir une approche totalement erronée de leur texte sacré. Par ailleurs, la branche salafiste a des propos très virulents à leur encontre, les accusant de pratiquer la magie, interdite en Islam, et d'avoir inventé des rites et des prières qui n'ont pas été dictés par le prophète Mahomet.

La télévision d'État a annoncé qu'il y avait au moins 235 morts et 109 blessés, le décompte macabre n'est à ce jour pas définitif. Les raisons de cet attentat sont pour le moins obscures, bien que l'État égyptien soupçonne fortement les réseaux djihadistes (El et Al-Qaïda) qui ont été responsables de la grande majorité des actes terroristes perpétrés sur son territoire.

Les circonstances de l’attentat sont également assez floues. Malgré la présence de plusieurs militaires au sein de la mosquée, ils n'ont pas réussi à contrer cette attaque et se sont fait tuer. Les responsables ont encerclé la mosquée avec des véhicules tout terrain et ont déposé des explosifs à l'extérieur du bâtiment. Après avoir déclenché l'explosion, ils ont profité du mouvement de panique pour tirer sur les fidèles qui tentaient de sauver leur vie.

Ils "sont entrés ; ils étaient entre dix et vingt et ils ont tué plus de personnes qu’ils n’en ont blessées", selon l'Agence France-Presse Magdy Rizk, blessé dans l’attaque. "Ils portaient des masques et des uniformes militaires". Ils avaient également détruit les véhicules de ces derniers afin de bloquer les routes menant à la mosquée. Ce fut ni plus ni moins qu'un guet-apens bien orchestré, et dont le seul but était de tuer le maximum de personnes.

Le président Al-Sissi a annoncé trois jours de deuil national pour rendre hommage à ces fidèles assassinés froidement et a ensuite promis de rendre des comptes aux auteurs de ces crimes en employant une "force brutale". Les autorités égyptiennes ont donc rapidement employé les grands moyens avec l'armée et les forces de police : "Les forces armées et la police vengeront nos martyrs", a déclaré Al-Sissi. L'aviation a dès lors détruit plusieurs véhicules qui avaient été utilisés pour les attentats.