Les nouvelles venant du Yémen ne sont pas bonnes. Dans ce pays, les conflits ethnico-politiques font place aujourd’hui à une guerre ouverte entre l’Arabie Saoudite et le Yémen. Petit pays coincé entre le Golfe d’Aden au sud et l’Arabie Saoudite au nord, le Yémen devient un espace d’explications, d’interprétations et d’actions et comportements contradictoires des Etats Unis et de l’Occident dans ce Moyen-Orient compliqué comme aimait l’appeler le Général De Gaulle.

Selon les organisations humanitaires, la guerre ouverte entre l’Arabie Saoudite et le Yémen laisse la place à 8 millions de yéménites souffrant de malnutrition. 3 millions de personnes seraient déplacées et 1 million souffriraient de choléra.

Pourquoi cette indifférence de la communauté internationale face à la guerre yémeno-saoudienne ?

Les conflits internes au Yémen trouvent leur explication dans les oppositions ethnico-tribales

Depuis 2004, le Yémen est le théâtre d’une guerre civile meurtrière qui oppose la minorité zaïdite, d’obédience religieuse chiite, à la majorité sunnite incarnée par le Président Mansour Hadi en exil en Arabie Saoudite et supporté par l’Arabie Saoudite. Les Zaïdites, houtistes, auraient comme parrain l’Iran. Derrière l’opposition ethnico-tribale entre yéménites, apparait de façon explicite, par religion interposée, l’opposition régionale, plus ou moins feutrée, qui oppose l’Iran et l’Arabie Saoudite dans la maîtrise de l’espace moyen-oriental (chaque pays souhaite asseoir sa puissance régionale).

La coalition internationale annonce tous les jours qu’elle est en passe de gagner, au moins à court-terme, la guerre contre Daesh. La guerre au Yémen n’intéresse personne car l’Arabie Saoudite, acteur majeur dans ce conflit, est le partenaire de référence des Etats Unis, de la France et de l’Angleterre. L’Occident se contente d’avoir un magistère au niveau de la parole en demandant la fin des combats, mais ne fait rien de façon très concrète pour organiser une conférence qui demanderait de façon explicite aux Saoudiens et aux Yéménites de mettre fin à leurs hostilités.

L’Occident est piégé par l’Arabie Saoudite

L’Arabie Saoudite, dans son conflit politico-religieux contre l’Iran, piège l’Occident en faveur de l’inaction. La population saoudienne est de 30 millions d’habitants alors que l’Iran en compte 80 millions. Les Etats Unis, incapables d’apporter une réponse crédible et une solution adéquate au conflit entre le Yémen et l’Arabie Saoudite, préfère choisir la facilité comme au temps de Bush qui s’attaquait à l’Irak pour dénoncer actuellement la main mise de l’Iran sur le Yémen.

Cette dénonciation permet aux Etats Unis de fournir des armes et des spécialistes du renseignement à l’Arabie Saoudite et de donner éventuellement un prétexte d’intervention de l’Amérique de Trump en Iran. Le problème est que l’Iran n’est pas l’Iraq et qu’ils ne se laisseront pas faire.

Les Américains ont la mémoire courte, il faut qu’on leur rappelle qu’Oussama Ben Laden, qu’ils ont parrainé en Afghanistan contre les Russes dans les années 1980 est d’origine yéménite (même si son père a fait fortune dans le bâtiment en Arabie Saoudite). Il faut aussi rappeler que Al Qaïda péninsule arabique -AQPA- est la branche d’Al Qaïda qui a le plus tué d’Américains au Moyen-Orient si on se rappelle de l’attentat contre le destroyer USS Cole (17 morts).

Les Américains jouent avec le feu dans cette partie du globe. Ils ont peut-être les moyens militaires et stratégiques de leur puissance mais jamais les éléments politiques de la résolution des conflits dans lesquels ils sont partie prenante, soit de façon explicite, soit de façon implicite. Ils ont gagné une seule fois en déversant les bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki, obligeant ainsi l’Empereur à la reddition. Le monde a changé, nous sommes dans des guerres asymétriques et très compliquées. Les Américains et leurs alliés semblent dépassés, surtout au Moyen-Orient car ils n’ont pas les moyens politiques et de leur supériorité militaire pour mettre définitivement fin aux différents conflits et réconcilier les populations moyen-orientales avec et entre elles-mêmes.