Georges Weah a remporté le second tour de l’élection présidentielle du Libéria avec 61,5% face au Vice-Président sortant Joseph Boakai. Depuis le 26 décembre 2017, on peut dire que le Libéria est entré dans une nouvelle ère pour la gouvernance politique et économique. Georges Weah, âgé de 51 ans, est une gloire vivante du football africain, le seul africain ayant obtenu en 1995 le ballon d’or attribué par la FIFA. Grand joueur de football, il a été à Monaco, au Milan AC et au Paris Saint Germain. Homme de conviction, il a laissé une impression d’homme intègre, de bon camarade et ses partenaires ne tarissent pas d’éloges, surtout Arsène Wenger, actuel entraîneur-manager du grand club anglais Arsenal qui a largement contribué à l’épanouissement footballistique de l’actuel président du Libéria.
Les grands défis qui attendent Weah
Georges Weah succède à Ellen Johnson Sirleaf, 79 ans, première femme élue chef d’Etat en Afrique noire en 2005 face à lui-même. Devenu Sénateur, Georges Weah a appris son métier d’homme politique depuis maintenant 12 ans. Il a pu voir et comprendre les maux qui limitent le développement économique du Libéria et, par ricochets, la plupart des pays africains. Les défis sont immenses. L’un d’entre eux est de continuer la réunification d’un pays autrefois géré par les ex-chefs de guerre dont l’un d’entre eux, Charles Taylor (1997-2003) a été emprisonné par la CPI (Cour pénale internationale). D’ailleurs, l’ex-épouse de Charles Taylor, l’influente sénatrice Jewel Howard-Taylor a été élue Vice-Présidente sur le ticket formé avec Georges Weah.
Le Libéria est un pays dont le sous-sol est riche en minerais, surtout le diamant.
Georges Weah devra mettre en place un programme national de développement qui fasse la recension de tous les territoires avec les ressources disponibles. Cette planification permettra de spécialiser les régions tout en y installant une organisation productive dans laquelle les intérêts de l’Etat libérien doivent être préservés, même si l’apport du capital technique et technologique étranger est important.
Weah devra recenser les besoins des populations sur le plan des infrastructures de la santé, de l’éducation, de l’accès à l’eau, à l’électricité et aux besoins fondamentaux (agriculture et alimentation). Il faudra qu'il réfléchisse de façon précise sur les mécanismes de répartition du revenu national afin de lutter contre les inégalités sociales immenses.
Il faudra faire émerger et consolider une classe patronale productive, créer une classe moyenne active et ne pas laisser sur le bord de la route les autres populations dont il faudra s'occuper au niveau de l'éducation, de la formation, de l'accès aux soins et à l'emploi.
Weah doit s’entourer de compétences professionnelles avec une réduction de ministères qui relayeraient leurs actions sur le terrain par l’intermédiaire des agences identifiées économiquement. La bonne gouvernance suppose aussi une pratique de l’évaluation qui doit être annuelle pour éviter le gaspillage des fonds et la corruption. L'évaluation nécessite des mécanismes de contrôle et de sanction, ce qui manque souvent à l'Afrique où l'impunité est la règle.
L’Afrique attend énormément de Weah, surtout la jeunesse libérienne.
Weah, un exemple pour le reste de l’Afrique noire ?
L’Afrique est perçue comme un continent où la mal gouvernance, la corruption, le détournement des fonds, le tribalisme et le familialisme comme mode de gouvernement. Weah saura-t-il dépasser ses préjugés/réalités et être un espoir pour une partie de la jeunesse africaine ? Les jeunes libériens en votant massivement pour Georges Weah espèrent beaucoup car pour la plupart d’entre eux ils sont sans formation professionnelle, sans emploi pour les diplômés.
Weah doit être une boussole qui doit guider une partie de la jeunesse africaine en l’ancrant radicalement dans le nouveau monde actuel dominé par la numérisation, les nouvelles technologies, les nouveaux types d’organisation.
Il faut qu’il apparaisse radicalement comme un leader nouveau, différent des vieux dirigeants africains qui ont beaucoup de mal à quitter le pouvoir alors qu’ils sont âgés aujourd’hui de 70 ans et plus.
Quel sera le poids de Georges Weah au sein de l’Union africaine et dans les instances régionales africaines ? Attendons de voir, l’avenir le dira.