Le Génie Go de Ruth Belinga Afana a semblé quelque peu invraisemblable pour ceux n'ayant aucune vision perceptible de l'art performance au Cameroun. Toutefois, sa prestation scénique demeure et figure parmi les plus représentatives du festival RAVY (rencontres d'arts visuels de Yaoundé) 2018. Les RAVY 2018 ont accueillis cette dame au regard outragé par les déformations que subissent l'environnement et les changements climatiques qui eux détruisent l'écosystème mondial. Le Cameroun qui s'ouvre de plus en plus à cet art qu'est la performance, interroge dument l'aspect introspectif de nos sociétés.

Quelquefois recadré dans un domaine trans-générationel, l'action performatif de ces éclaireurs de pensée peut communément faire de cette adepte du questionnement et de la remise en question de l'être, sa plus simple expression vis à vis du scepticisme des mœurs présents.

Face à cette transversale que traverse nos sociétés guidées par la luxure, le profit et le pouvoir, l'artiste permet à son public d'exprimer son ressenti face à sa performance scénique qu'est Génie Go. Mettant en ligne de mire la "déforestation" et son impact désastreux sur les civilisations terrestres, Ruth Belinga a essayée de surmonter dans son immense scénographie, l'effet dévastateur de l'Homme sur son passage. La ville de Yaoundé et ses alentours ont donc reçus avec brio cette dame aux élans généraux via ses acquis lors des RAVY 2018.

Sous le thème "Urbanitudes". Ce festival international a accueilli (du 23 au 29 Juillet 2018) un parterre d'artistes autant dans le domaine de la photographie, de la peinture, de l'installation, de la vidéo, ou de la sculpture que dans celui de l'art performance. De nombreux pays (Allemagne, Finlande, Japon, Canada, France, Cameroun, Suède) se sont donnés rendez-vous à cette grande fête du médium universel qu'est l'art.

Devant cette défection pluri-culturelle injectée dans les avenues de la "ville aux sept collines", Ruth Belinga a ainsi pu desservir le public présent avec les contours de chaque distinction élaguée de la prestation de "Génie Go".

Génie Go de Ruth Belinga, ou l'art de la dénonciation

"Je suis une artiste très à même de pouvoir m'exprimer sur les dépravations de nos sociétés et de nos communautés.

Mon art n'est pas un gage de plaisir ou celui de vouloir a tout prix choquer, il est au contraire ce canal par lequel j'ai la possibilité de m'ouvrir au monde...". S'est exprimée l'artiste après cette prestation impressionnante le Mardi 24 Juillet 2018 au Musée la Blackitude à Yaoundé. Durant sa prestation aux RAVY, la jeune femme s'est munie d'une bassine remplie d'eau à la coloration rouge, d'une scie à moteur, d'un sac contenant plusieurs drapeaux de pays étrangers et d'un ventilateur posé à même le sol. Avec une entrée discrète, elle a débutée sa performance en sortant un à un des drapeaux de chaque pays vêtue d'une robe noire après s'être au préalable nettoyée les mains dans ladite bassine.

Commençant par le drapeau du Cameroun son pays d'origine, Ruth Belinga parfois rapprochée du sensationnel lors de ses sorties artistiques, va tremper les drapeau du Cameroun dans cette eau de couleur rougeâtre et en quelques seconde le ressortir avec des emblèmes et effigies quelques peu usées par la force du temps. Une corde imposant une limite a ensuite servi à sécher ce drapeau décrépi de son pays. Continuant dans cette même lancée, l'artiste va continuer avec les drapeaux des autres pays en les déposants tous sur cette corde raide présente telle une preuve de cette destruction de notre environnement sous les yeux du monde.

Dans cette phase assez démonstrative, cette actrice de la dénonciation a usée de son art pour irrémédiablement illustrer le laxisme et la démesure de nos États face à cette dépravation environnementale.

Les accessoires suivants quant à eux, ont été répartis sur une trame subjective des actes identitaires des communautés vivant dans l'univers terrestre tout usant de leurs pré-requis comme symbolique.

Une action sociétale quelque peu proscrite au regard de Génie go

Habituée à participer à des festivals portant entre autres sur l'art performance, Ruth Belinga s'offre généralement le loisir de s'ouvrir de manière succinte au public présent. Tour à tour invitée au festival "Perform'action" du camerounais Christian Etongo en Novembre 2017 à Yaoundé, et au festival "Sud 2017" à Douala, Ruth Belinga s'est toujours illustrée de sa présence en actionnant momentanément son champs d'action sur les problématiques africaines, notamment celles de son pays le Cameroun.

N'étant pas forcément pris comme un art visuel assez objectif, l'art performance au Cameroun semble quelque peu mal interprété voir recalé dans le cadre de l'incompréhension ou d'une folie mal placée.

De ce fait, se verser de la farine sur le corps comme l'a fait Ruth Belinga lors de la prestation scénique (Génie Go) au festival RAVY 2018, aura offusqué plus d'un et même soulevé une polémique au finissage de celle-ci. Hautement rapprochée de ses idéaux aux principes culturels subversifs, la jeune femme n'hésite pas à s'adonner librement à ce qu'elle fait le mieux : livrer son corps à la gestuelle physique et spirituelle de son émoi au monde qui l'entoure. Cette unique prestation au festival d'arts visuels de Yaoundé, s'est trouvée être l'une des plus mystérieuses et l'une des plus commentées après cet étalage successif de ses valeurs classées urbaines.

Très attendue au prochain festival "Perform'action" de 2018 (2 e édition), Ruth Belinga de plus en plus suivie, verra sans doute son public s'agrandir un peu plus lors de cette prochaine sortie événement.