La loi protégeant depuis 1973 les animaux les plus vulnérables du territoire américain a été modifiée par l'Administration américaine. Pourtant, cette loi historique protégeant les espèces menacées d’extinction et leur habitat, l’Endangered Species Act de 1973, était un héritage républicain: c’est le président Richard Nixon qui avait voulu ce texte : « Rien n’est plus inestimable, ni digne d’être préservé que la richesse de la vie animale dont notre pays a été doté», avait-il déclaré lors de sa signature.
Près de 2 500 plantes et animaux sont ainsi inscrits sur les listes de l’U.S. Fish & Wildlife Service. Les amendements apportés à la loi marquent un recul important sur la biodiversité. Et on peut s'attendre à ce que de nouvelles espèces animales disparaissent d'ici quelques décennies.
Des projets désastreux d’un point de vue climatique
Cette mesure s'inscrit dans le cadre du manque de considération pour la nature, le climat ou la vie sauvage que Donald Trump affiche depuis longtemps. Ses principales nominations, ses plans de coupes budgétaires, sa volonté de démanteler la législation environnementale, son déni du changement climatique, fondé notamment sur l’argument complotiste, tout va dans le même sens : une intention ferme et arrêtée de protéger l'économie notamment le secteur des combustibles fossiles, au détriment de l'environnement.
Qu’on se s’y trompe pas : la collusion de Trump et du secteur des énergies fossiles est une conspiration qui se cache en plein jour. Quelques jours seulement après le début de son mandat, Trump publie un décret présidentiel relançant la construction de deux oléoducs bloquée sous le gouvernement Obama, le Dakota Access Pipeline et le Keystone XL, qui doit relier la province canadienne de l’Alberta au Nebraska. Avec le premier, il balaye du revers de la main les contestations écologistes et celle des Sioux de Standing Rock (l’oléoduc passe sur des sites sacrés et menace leurs réserves d’eau potable). Avec le second, il passe outre ce qui a motivé l’arrêt de sa construction : l’impact climatique.
Il lève aussi le moratoire du même Obama sur les nouvelles concessions fédérales de charbon et annonce son intention d’intensifier les forages de puits de pétrole et de gaz offshore dans le golfe du Mexique. Et il s’emploie évidemment à massacrer le Clean Power Plan. D’une main, le gouvernement approuve systématiquement les nouveaux projets pétroliers, de l’autre, il abroge toutes sortes de règlements environnementaux qui augmentaient les coûts d’extraction et de transformation pour des entreprises comme ExxonMobil. On peut s'attendre à des accidents industriels, tel celui de Deepwater Horizon – parce que c’est ce qui se produit quand les organes de régulation sont mis sur la touche.
Collusion avec les industriels
En plus de Rex Tillerson, Trump a intégré à son gouvernement plusieurs cadres des industries fossiles et des personnalités politiques étroitement liées à elles. La plupart sont opposés ou, au mieux, indifférents aux mandats des organismes qu’ils ont la charge de diriger. Ainsi, Scott Pruitt est par exemple devenu le directeur de l’Environment Protection Agency (EPA, agence américaine de protection de l’environnement), un organisme qu’il a traîné en justice à plusieurs reprises lorsqu’il était procureur général de l’Oklahoma, et sans doute n’est-ce pas un hasard : il a reçu des dizaines de milliers de dollars de la part des compagnies de combustibles fossiles. Trump a également nommé au poste de secrétaire à l’Énergie Rick Perry, qui a de très nombreux liens avec l’industrie pétrolière : en particulier, il a été membre des conseils d’administration des deux entreprises qui construisent et exploitent le Dakota Access Pipeline.
En 2011, Perry fit même campagne pour l’investiture républicaine sur l’idée de supprimer l’ensemble du département de l’Énergie.
Ignorer le réchauffement climatique
De concert, ces hommes accordent leurs faveurs aux industries fossiles chaque fois qu’ils en ont l’occasion. Par exemple, Trump a abrogé un nouveau règlement qui obligeait les industries fossiles à diminuer la quantité de méthane libérée lors de l’extraction du pétrole et du gaz, et à déclarer aux autorités locales toute fuite de méthane. Ce secteur industriel avait une sainte horreur des mesures mises en oeuvre dans les dernières semaines du mandat d’Obama, en partie parce qu’elles étaient sur le point de prouver publiquement que le gaz naturel n’est pas une solution pour réduire les émissions de CO2.
Quelle aubaine pour l’industrie que ce message de Trump : ne nous dites rien, nous ne voulons pas savoir. Des données essentielles manqueront donc pour mesurer à quel point les États-Unis nuisent au climat.