Deux ans après le début de l'affaire des Mutuelles sur fond de soupçons de "prise illégale d'intérêts", Richard Ferrand fait de nouveau face à la tourmente médiatique. Mercredi, le président de l'Assemblée nationale apparenté En Marche a en effet été mis en examen par la justice, alors que celui-ci est accusé d’avoir favorisé sa compagne sur une transaction immobilière. Une séquence qui lui a depuis valu le soutien du Premier ministre Edouard Philippe, mais également de la majorité qui ne doute pas de sa capacité à continuer d'assurer ses fonctions.

Il faut dire que la nouvelle tombe plutôt mal pour l'exécutif engagé depuis quelques semaines à préparer le terrain d'une rentrée tout en douceur malgré les dossiers chauds. D'autant que le capital sympathie vis-à-vis du pouvoir macroniste semble bien avoir atteint ses limites, comme en dénote le vent de tensions qui flotte autour de la réforme annoncée des retraites. Alors, pour le successeur de François de Rugy attelé depuis deux jours à tenter de calmer les esprits qui s'échauffent, l'heure est plus que jamais à la riposte politique et médiatique.

"Un mis en examen n'est coupable de rien"

Interrogé vendredi soir par le quotidien local Télégramme, Richard Ferrand a ainsi tenu à rappeler qu'un "mis en examen n'est coupable de rien", selon les règles de justice.

A cet égard, il s'est dit sensible aux messages de soutien témoignés à son encontre par les membres de la majorité, mais aussi par de nombreuses personnalités politiques de tous bords. De quoi laisser espérer à l'élu que, loin de son triste prédécesseur, il ne sera en rien entravé pour l'avenir dans la plénitude de l'exercice de ses fonctions de locataire de l'Hôtel de Lassay.

Dans son plaidoyer, il entend d'ailleurs continuer à redoubler d'efforts pour défendre jusqu'au bout son innocence dans un dossier où il estime n'avoir violé aucune règle. Et de rappeler avec force que la mise en examen d'un individu n'était en aucune manière un élément de présomption de culpabilité pour celui-ci, comme certains le laisseraient penser à l'opinion.

Il maintient donc son refus de démissionner de la présidence de l’Assemblée face à une règle imposée au gouvernement par Emmanuel Macron, mais que lui juge désormais "discutable".

En coulisses, la révolte des politiques qui monte

De plus, le quatrième personnage de l'État entend surfer sur le ras-le-bol généralisé de la classe politique quant à la prédominance des juges dans la sphère publique. En effet, loin de la récupération systématique que l'on connait à l'opposition, de nombreuses voix se sont montrées réservées sur un dossier dont on n'attend plus de rebondissements. C'est notamment le cas du patron du groupe LR au Palais Bourbon Christian Jacob, qui a estimé dans un communiqué de presse qu'il revenait à Richard Ferrand d'analyser par lui-même la situation.

Et pour une surprise, même son de cloche du côté du Rassemblement national avec le député Sébastien Chenu, qui a invoqué pour l'élu du Finistère la présomption d'innocence. Voilà donc le fidèle de la première heure du chef de l'État mis en examen soutenu par une forme de bienveillance de ses pairs, lesquels semblent décidés à ne plus laisser leurs actions être guidées par l'urgence médiatique. Une nouvelle qui pourrait aider l'exécutif à éviter la brouille judiciaire, alors que le chantier des réformes s'annonce semé encore d'embûches.