Dirigeant cette enseigne depuis plusieurs années, Christian Nana Tchuisseu, s'est ouvertement exprimé aux vues de cette déconfiture qui dépeint dans l'univers muséal, face à l'arrivée du Coronavirus (Covid-19) au Cameroun. Le Musée La Blackitude est en effet situé en plein coeur de la capitale, et regorge de plusieurs reliques de l'histoire du pays en passant par sa Galerie d'Art et ses journées portes ouvertes.

Bastion de la culture camerounaise, ce haut lieu de l'héritage ancestral et même moderne, se voit aujourd'hui spolié de son intérêt et de son utilité à la population.

Christian Nana, émet ainsi cette particularité qu'a ce musée La Blackitude, de réunir diverses couches de la société afin de s'imprégner de l'essence culturelle traditionnelle de son histoire et même celle de l'Afrique.

'Le Covid-19 nous empêche de mieux structurer notre travail'

"Nous avons connu une chute très importante au niveau du taux de fréquentation du musée La Blackitude depuis l'arrivée du Coronavirus au Cameroun. En tant que directeur et manager d'une institution culturelle, avant la fermeture du musée, nous n'avions pas plus de 20% de visiteurs enregistrés, comme à l'accoutumée par rapport à l'année dernière à l'annonce de la présence du Covid-19 au pays. Au Musée La Blackitude, on a été contraint de mettre un certain nombre du personnel en congé technique, ce qui fait qu'au niveau de la masse salariale, le top management du musée supporte mal cette crise sanitaire.

Nous sommes aujourd'hui dans une situation très critique à La Blackitude, nous avons l'entretien et la restauration des collections qui sont soit en salle d'exposition permanente, soit en salle d'exposition temporaire. Ce qui représente un coût important, et que le musée en temps normal, pouvait gérer avec les visites et toutes les activités que nous organisions avec les partenaires. Aujourd'hui nous n'avons pas de support et espérons qu'avec l'apport du gouvernement ou le soutient du ministère de la Culture, nous pourrions tenir jusqu'à la fin de cette année, cela après l'annonce de la maîtrise de la pandémie" commence Christian Nana.

La Blackitude mise sur le digital

Selon ce directeur et parallèlement président de l'ICOM (Conseil international des musées) Cameroun, il a estimé comme perspectives, une réappropriation des mesures connexes pour le développement continuel de La Blackitude. Le digital étant prisé pour continuer les activités, celui-ci propose une collaborations avec l'administration et les instances en charge des opérations muséales au Cameroun.

"Tant que nous n'avons pas été approché par la tutelle pour faire un état des lieux des institutions muséales après le Covid-19, et avoir les réels besoins ou de savoir quels sont les différents coûts que ces institutions endurent, nous ne pourrions pas définir la marge à atteindre pour une probable réouverture. C'est ensemble avec les professionnels du domaine que nous pourrions trouver une solution pour sortir de cet enchevêtrement dû au Covid-19. C'est une année très difficile pour les institutions muséales.

Nous en tant que professionnels de musées nous devons repenser notre façon de voir les visites au musée, notre façon de donner des programmes éducatifs, de telle sorte que nous puissions être proches de nos visiteurs et partenaires avec un programme de digitalisation.

Cela va permettre à la jeunesse de se rapprocher et de découvrir leur patrimoine culturel à travers le numérique. Ce patrimoine qu'elle devrait connaitre et défendre" poursuit Christian Nana.

Une grande partie du personnel étant en congé technique, cette enseigne située en plein centre commercial de la ville aux sept collines, assure par ailleurs mettre en évidence les prescriptions de l'OMS et les mesures édictées par le chef de l'État S.E. Paul Biya. Le personnel présent respecte ces mesures en mettant en lumière la contrainte de se laver les mains avec du savon et de l'eau coulante, de porter un masque, et aussi de respecter la distanciation d'un mètre pour chaque individu. Les activités culturelles étant mises en berne, le musée n'exclut pas une ouverture vers le digital pour mettre en relief différentes phases de présentation de ses collections ainsi que l'apport éducatif et administratif dont il est le garant.