Son compagnon de lutte Alain Lobognon, geôlier du régime d’Abidjan vient d’entamer une grève de la faim. Plusieurs de ses partisans dont son frère Simon croupissent en prison, menacés par la pandémie de la Covid-19. Et si Guillaume Soro avait commis une imprudence en annonçant prématurément sa candidature à l’élection présidentielle ? En donnant précocement sa candidature à l’élection présidentielle de 2020, Guillaume Soro est-il allé un peu trop vite en besogne ? A-t-il mis la charrue avant les bœufs ? A-t-il vraiment réfléchi aux conséquences d’une telle candidature ?
Qui l’a conseillé dans la prise d’une telle décision, lourde de conséquences ? Telles sont les questions que les observateurs de la politique ivoirienne se posent actuellement. Et pour cause, de mémoire d’homme, jamais candidature à une élection présidentielle n’a été aussi préjudiciable à un homme politique ! Le jeune homme politique ivoirien qui impressionnait tout le monde par sa verve, son intelligence, sa connaissance de la langue française...est devenu soudainement, l’ombre de lui-même. Ainsi, aujourd’hui, Guillaume Soro à qui tout semblait réussir dans l’arène politique ivoirienne a perdu de son aura. Pour preuve, tous les surnoms qu’on lui a affublés dans un passé récent pour attester de sa puissance et célébrer sa force dans le champs politique ivoirien sont soudainement devenus obsolètes, et le pire, c’est que ces surnoms ont été transformés en véritables sobriquets à l’usage du moqueur et de l’ironiste dans son pays natal.
C’est ainsi que d’Abobo à Adjamé, l’on parle de « Tiéni Gbanani Ya Fohi ! Abanan ! » (l’Enfant terrible est fini, ndlr). Dans son ancien fief de Bouaké même, le nouveau slogan « Bogota Wawié » (Bogota est fini, ndlr) fait son petit bonhomme de chemin. Ce slogan a dû mal à passer parce que les populations le digèrent très mal, mais, il passe quand même.
En effet, les temps sont très sombres pour Guillaume Soro. L’unanimité s’est faite autour d’une idée. A savoir qu’après que son ciel bleu se soit soudainement obscurci (nous l’évoquions dans un précédent article), maintenant, c’est la pluie qui tombe sur Guillaume Soro, sous la forme d’un orage, voire d’une tornade. Ce faisant, nombreux seraient ses partisans, gagnés par le doute et la peur qui auraient pris le large, pour s’éloigner de lui.
Le problème est que, Guillaume Soro vient juste de commémorer un triste anniversaire qui mérite que ses partisans l’entourent de leurs liens indéfectibles.
Les ennuis de Guillaume Soro font fuir ses partisans, son parti politique de vide
« Qui veut aller loin, ménage sa monture.» Cet adage, c’est Guillaume Soro qui l’a compris. En effet, pour la conquête du pouvoir dans son pays natal, l’Enfant terrible (Tiéni Gbanani) de la scène politique ivoirienne s’est doté d’un parti politique : Générations et peuples solidaires (GPS). Du coup, lorsqu’il a donné sa candidature à l’élection présidentielle, ses partisans ont tout de suite formé autour de lui, une chaîne de solidarité qui paraissait indéfectible.
D’ailleurs, lorsque ses ennuis ont commencé avec ce mandat d’arrêt international lancé contre lui pour concussion et tentative de coup d’état, il pouvait compter sur ses aficionados coalisés au sein de son parti politique le GPS. Mais ça, c’était le passé car désormais, l’heure est à la trahison. En effet, ces dernières semaines, plusieurs retournements de vestes alimentant des défections autour de Guillaume Soro se sont déployés. Le jeune homme politique ivoirien est de plus en plus isolé.
Durant le mois de juin 2020, devant la pression de l’adversité, la chaîne de solidarité autour de Guillaume Soro a cédé, son parti politique connaît une véritable saignée de ses membres. Ayant sans doute pris conscience que Guillaume Soro ne représentait plus pour eux le cheval de course sur lequel il fallait miser, ses partisans lui tournent le dos au profit du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP).
Là, où, le bât blesse, c’est que le RHDP est l’ancien parti politique de Guillaume Soro avec lequel il s’est brouillé. D’ailleurs, c’est le RHDP son principal adversaire. Et c’est le RHDP qui veut sa tête en l’accablant de tous les maux d’Égypte. C’est donc peu, que de parler de trahison, en ce qui concerne le retour de certains partisans de Guillaume Soro au RHDP. Mais, de tous ces reniements en cascade, celui qui fera sans doute très mal à Guillaume Soro est celui venant de Méïté Sindou. Le fidèle parmi les plus fidèles, Méité Sindou nous apprend-t-on, vient de tourner le dos à Guillaume Soro ! Tout ceci, à un moment, où, Guillaume Soro vient de commémorer un triste anniversaire.
Guillaume Soro abandonné par ses partisans à l’occasion d’un triste anniversaire
C’était le 26 juin 2020. A l’aéroport de Bouaké, un attentat avait visé l’avion du Premier ministre Ivoirien, Guillaume Soro, alors, tout-puissant chef des Forces nouvelles. Il eut la vie sauve après avoir perdu de nombreux compagnons de route dans cet accident, devenu mémorable dans les annales de l’histoire politique de la Côte d’Ivoire. Rescapé de justesse de cette tragédie, le mythe autour de Guillaume Soro est né, pour marquer un pas de géant ce jour-là. L’inconscient collectif ivoirien a vu dans le naufragé Guillaume Soro, un extra-terrestre, un homme aux pouvoirs magiques forts, capables d’échapper à la mort là, où l’espoir n’est pas permis.
C'est dans cette perspective qu'en juin 2020, plongé dans la tourmente politique, cette tragédie lui devient bénéfique car certains y voient toujours le signe indicateur de toutes les ascensions passées et à venir de Guillaume Soro.
Ce 26 juin 2020, Guillaume Soro et la Côte d’ivoire se sont souvenus de la catastrophe qui a failli coûter la vie à l’homme politique. Curieusement, c’est autour de cette date, que l’information sur la défection de nombreux de ses partisans a été véhiculée dans la presse. A ce moment précis, où, il avait besoin de ses fidèles pour un recueillement à la mémoire des disparus de cette tragédie, et lui remonter le moral, plusieurs de ses fidèles ont choisi de sauver leur peau en l’abandonnant ; afin de fuir l’orage politique qui se déverse sur lui.
Cependant, on est en Afrique. Continent où, aucun signe ni symbole n’est dérisoire. Ainsi, dans l’imaginaire des visionnaires ivoiriens les plus confiants et les plus fidèles à Guillaume Soro, le mouvement descendant de ce crash d’avion qui a été suivi d’un mouvement ascendant de Guillaume Soro dans l’arène politique ivoirienne doit être interprété comme le signe d’un Guillaume Soro qui ressuscite toujours de ses cendres, là, où on le donne pour mort. Ainsi, pensent-ils qu’après l’orage, il fera beau temps pour l’ancien président de l’Assemblée nationale de Côte d’ivoire. Qui vivra, verra.