Le deuil qui a frappé la république de Côte d’ivoire en recouvrant ce pays de l’épaisse, et mystérieuse enveloppe mortifère n’est pas prêt de tomber. Et pour cause, le Premier Ministre, chef de Gouvernement, candidat à l’élection présidentielle de 2020, Monsieur Amadou Gon Coulibaly est mort, alors qu’il était encore en exercice de ses fonctions. Du fait de sa gravité, l’événement mérite un saut dans le passé récent de l’illustre homme, peu avant son tragique décès.

Nous étions au mois de mars et courant avril 2020, en plein confinement, tributaire de la pandémie de la Covid-19.

Le Premier Ministre de la République de Côte d’ivoire, son excellence Monsieur Amadou Gon Coulibaly a fait parvenir à la presse nationale, une information selon laquelle il aurait été en contact avec un patient atteint de la Covid-19, qui nécessiterait, au nom du principe de précaution, sa mise en quarantaine. A ce moment-là, personne n’était en mesure de se douter que la Côte d’ivoire vivait les signes annonciateurs d’une éruption volcanique.

La quarantaine achevée, AGC, comme l’appellent ses admirateurs et ses proches a repris ses fonctions à la primature, dans l’immeuble blanc du quartier administratif du Plateau. Contre toute attente, quelques semaines après sa sortie de quarantaine, une autre alerte : le Premier Ministre Amadou Gon Coulibaly se rendrait en France pour un contrôle sanitaire.

C’est là, que le doute a commencé à gagner les Ivoiriens, maîtres dans l’art de la spéculation. Dans les rues d’Abidjan comme sur les réseaux sociaux, la rumeur donnait le Premier Ministre tantôt pour mort, tantôt dans un état végétatif. Les informations contradictoires ont pris le peuple ivoirien et sa diaspora en otage jusqu’au 2 Juillet 2020, où, le premier Ministre Amadou Gon Coulibaly est apparu vivant, descendant de l’avion sur le tarmac de l’aéroport Houphouët-Boigny de Port-Bouët, accueilli par le Président de la République Monsieur Alassane Ouattara lui-même, ainsi que son épouse Dominique Ouattara.

Les Ivoiriens ont alors poussé un ouf de soulagement. Enfin, ils ont retrouvé leur Premier Ministre. Mais la joie des retrouvailles ne fut que de courte durée car six jours après, celui que l’on peut appeler « la mangrove de la classe politique ivoirienne » meurt, et une semaine après son décès, il repose dans le caveau des patriarches à Khorogo.

La mort "La Mangrove de la classe politique ivoirienne"

En même temps fils d’un Député ivoirien et petit-fils de Péléforo Gon Coulibaly, Roi des Sénoufo (un peuple du nord de la Côte d’ivoire), Amadou Gon Coulibaly mérite bien qu’on l’appelle « la Mangrove de la classe politique ivoirienne ». En effet, il était à la fois un haut fonctionnaire de la république et un prince, c’est-à-dire, un Seigneur féodal ; ayant ainsi, un pied dans la modernité et un autre pied dans la tradition. Ces deux statuts, bien que contradictoires, AGC les aura assumés avec la plus grande dignité, dans la plus grande exemplarité, jusqu’à sa mort. Précisons-le tout de suite : les hautes fonctions régaliennes qu’il a assumées en Côte d’ivoire, c’est grâce ses compétences intellectuelles qui font unanimité et son intelligence que tout le monde reconnaît, lesquelles ont fait de lui un brillant technocrate sorti du moule de la méritocratie.

Mais malgré tout, ses deux statuts de haut fonctionnaire de la république et de seigneur féodal sont là, lesquels font de lui, un véritable « héritier », au sens que l’entend Pierre Bourdieu, le grand sociologue des inégalités. Ainsi, il n’est pas superfétatoire que de le dire, la personnalité d’Amadou Gon Coulibaly offre un indice très intéressant aux sociologues souhaitant procéder à une analyse fine des modes de production des inégalités sociales et de la reproduction sociale en Côte d’ivoire. Le 8 juillet dernier, il est mort.

Rentré de Paris le 2 Juillet 2020, il avait repris ses fonctions d’abord à la primature le lundi 6 Juillet 2020. Ses collaborateurs affirment avoir retrouvé un Premier Ministre en pleine forme, ayant repris en mains tous les dossiers anciens qu’il avait laissés pour se rendre en soins à Paris, ainsi que les nouveaux dossiers qui l’attendaient.

Deux jours après la Primature, le mercredi 06 Juillet, AGC s’est rendu au Palais présidentiel pour participer au conseil de gouvernement. Les photos du jour qui ont été publiées par voie de presse l’ont montré en train de descendre de son véhicule de fonction. Élégamment vêtu comme à son habitude, AGC a emprunté les marches du palais présidentiel dans la posture d’autorité qu’il savait adopter puisque la tenant de son éducation familiale aristocratique. Arborant le masque médical de protection contre la Covid-19, tout le monde a vu AGC enjamber les escaliers du Palais présidentiel pour se diriger probablement dans la salle de réunion où se tenait le conseil du gouvernement. Et puis, après le conseil du gouvernement, dans l’après-midi, la rumeur sur la mort du Premier Ministre ivoirien a commencé à courir dans les rues d’Abidjan et sur les réseaux sociaux.

En fin de journée, le porte-parole du gouvernement, Monsieur Patrick Achi viendra lire un communiqué du président de la République à la télévision nationale. Il confirme la rumeur tant redoutée par les ivoiriens : leur Premier Ministre est mort.

Le premier Ministre, Seigneur Féodal et candidat à l’élection présidentielle repose à jamais dans le caveau des Patriarches à Korhogo

L’annonce de la mort d’Amadou Gon Coulibaly a considérablement affecté le peuple Ivoirien. De Dabou, la ville où il a fait le collège et le lycée au sud de la Côte d’ivoire, à Korhogo sa ville natale dans le nord du pays, les populations étaient inconsolables. Les ivoiriens ont pleuré leur Premier Ministre mort dans l’exercice de ses fonctions.

Il faut le signaler, le premier Président de la République de Côte d’ivoire, son excellence Monsieur Félix Houphouët-Boigny était mort, lui aussi, alors qu’il était encore en fonction. La mort d’AGC pendant qu’il était en fonction est donc venu raviver la douleur des Ivoiriens qui se sont souvenu du décès de celui qu’ils appelaient affectueusement « Le Vieux ». Ainsi, la grande douleur suscitée par la mort d’AGC a conduit l’État de Côte d’Ivoire à déclarer un deuil national d’une durée de huit jours (du vendredi 10 juillet 2020 au vendredi 17 juillet 2020).

Partout en Côte d’ivoire, mais aussi à travers le monde, les hommages ont afflué, pour célébrer le digne petit-fils du Roi Péléforo Gon Coulibaly qui a été aussi un haut fonctionnaire de l’État de Côte d’ivoire.

Au Palais présidentiel d’Abidjan, une cérémonie d’hommage a été rendue à l’illustre disparu. Cette cérémonie a réuni des personnalités nationales et internationales de haut rang à cause de la qualité du défunt. C’était donc, en présence de Monsieur Jean-Yves Le Drian, chef de la diplomatie française, de chefs d’États et de gouvernements africains, de représentants des corps diplomatiques, de personnalités politiques et militaires Ivoiriennes que la nation ivoirienne a rendu un hommage mérité à son Premier Ministre et candidat à l’élection présidentielle de 2020.

Ensuite, pour la célébration de ses obsèques sur sa terre natale de Korhogo, toutes les régions de Côte d’ivoire étaient présentes pour l’accompagner à sa dernière demeure.

Depuis la chefferie coutumière jusqu’au citoyen lambda, en passant par les autorités civiles, militaires et politiques, la Côte d’ivoire était unie, soudée et présente, pour rendre un dernier hommage à celui que l’on appelait « le Lion » en présence de Chefs d’État et de Gouvernement de la sous-région. Depuis le vendredi 17 Juillet 2020, AGC, Le Lion, la Mangrove de la classe politique ivoirienne... repose à jamais dans le Caveau des Patriarches Sénoufos. Selon la presse ivoirienne qui a visité la dernière demeure du Premier Ministre et Seigneur Féodal Amadou gon Coulibaly, le monument serait d’une superficie de 750 mètres carré.