Les Nantais (bretons de Naoned quand leur équipe l’emporte, habitants du Pays nantais quand ils encaissent trop de buts) n’ont pas de pétrole, mais ne manquent pas d’idées. À Nantes, l’Association contre le harcèlement à l’école, y va à l’Ache contre le harcèlement scolaire. C’est de la pub, fort bien vue : l’affichage publicitaire nantais, avec certainement la complicité du service de com’ de la Ville de Nantes (voir infra), fait figurer Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, Nicolas Sarkozy, Emmanuel Macron avec slogans idoines. Je vous les mélange, tâchez de les relier à l’intéressé(e).

‘’à force de se moquer du premier de la classe’’ ; ‘’d’avoir toujours le même bouc émissaire’’ ; ‘’de tirer les cheveux de la petite blonde du premier rang’’ ; ‘’de bousculer le plus petit de la classe’’. Eh bien, un jour, elle ou il ‘’voudra se venger’’. Stop au harcèlement scolaire. Bon, y accordera foi ou pas. En Pays-de-Loire (Loire-Atlantique incluse), ne sont recensées que deux associations sur ce thème : Association Plus Fort et Génér’action solidaire. L’info n’a été repérée que sur le site Nantes Original News, qui semble mêler informations tout à fait réelles et billets d’humour style Le Gorafi (dont je salue l’inventivité au passage). Mais question désinformation, il y a réinformation bidon et infos ludiques vraiment informatives.

En tout cas, je salue l’initiative, tout en dénonçant cette campagne trompeuse qui incitera les parents à affubler leurs enfants d’oripeaux, de coupes de cheveux incertaines, voire de tatouages sur le front ridicules, dans l’espoir que, de souffre-douleur, ils deviennent des petites stars de l’écran ou de petits génies (eh, ce genre de beaufs est souvent sexiste, totalement pour les stéréotypes de genre…).

Campagne mensongère

Tout petit déjà, j’étais de taille moyenne mais franchement rondouillard, mes cadeaux de Noël étaient le plus souvent des brodequins, et il n’y avait guère que moi à croire que j’étais orphelin de père et non bâtard issu d’une fille-mère (on ne disait pas déjà ‘’mère célibataire’’). Autant dire que les récrés devenaient un champ de bataille très inégale et que je revenais couvert de gnons à la maison.

Du coup (ou plutôt des coups), comment se fait-il que je ne sois pas devenu le plus célèbre journaliste de ma génération, hein ? Cela se discute : car les brimades se sont estompées, au fil de la progression de ma scolarité. J’ai veillé à ne briller scolairement que très occasionnellement. Soit à progresser avec modération. Au point de passer du second rang à gauche du pupitre du maître à son parallèle juste devant (ce qui me valut une gigantesque claque de la part du maître, Frère Jean, merci encore pour l’avertissement). C’était au collège. Ensuite, au lieu de mieux préparer les concours et de me mettre du plomb éducatif dans la tête, j’ai fait de l’auto-stop pendant les congés au lieu de me pencher sur des devoirs de vacances, et me suis affiché avec de décoratives demoiselles (ou même jeunes dames) plus âgées.

Un peu comme Emmanuel Macron, mais… chut. Perseverare salut à Thouars (les anciens de la Première chaîne et quelques autres consœurs saisiront l’allusion), et je me suis hélas complu en une prématurée popularité. D’où, sans doute, mon actuelle médiocre notoriété. Janus bifide, tel serait le harcèlement scolaire ? Une telle campagne, en Janarius, bifrons ou non, est en tout cas just in time, dans le tempo de l’air du temps et d’autres campagnes, primaires ou secondaires… Je doute simplement de son authenticité. Tout affichage Decaux, même publicitaire classique, passe par la censure des bureaux de presse et com’ des mairies. Comme on l’a constaté pour la campagne de prévention du sida, à Béziers, Angers et ailleurs. En tout cas, toutes mes ficelles de caleçon, bouillies et rebouillies et relâchées, qui me valaient la honte après déculottée. Chapeau, le fake.