En collaboration avec Le Gorafi et les auteurs de la rubrique ‘’les entretiens imaginaires’’ du Canard enchaîné, Blasting News a pu rencontrer, en son castel de Beaucé (Sarthe), Penelope Fillon qui nous accorda un entretien alternatif…

Vous aviez reçu à maintes reprises Paris-Match qui laissait entendre que vous vous consacriez prioritairement à votre famille et ne vous mêliez presque jamais de politique. Qu’en est-il vraiment ?

N’ayant jamais abordé la question avec les journalistes de Paris-Match, ils en ont trop hâtivement déduit de ma retenue que je ne me consacrais qu’à la supervision de la domesticité et à l’éducation de nos enfants.

En fait, c’est exactement l’inverse. Je travaillais d’arrache-pied à faire la carrière politique de mon époux. S’il est devenu député, puis Premier ministre, et désormais candidat à la Présidence, c’est que, l’homme privé, lui, c’est lui, mais le public, c’est moi qui l’ait créé ! J’ai, permettez-moi l’expression, marné telle une damnée. D’ailleurs, quand Bernard Accoyer me voyait très fréquemment à Paris, et Bruno Retailleau au cœur de la Sarthe, c’est que je faisais plusieurs allers-retours dans la journée. Heureusement, pendant le quinquennat de Nicolas Sarkozy, j’ai pu utiliser le Falcon de Matignon

Alors, le travail parlementaire en commissions, les interventions du député, du Premier ministre, c’était vous, du candidat à la présidence aussi ?

Ou encore davantage ?

Un peu, rarement beaucoup, je le concède. Vous savez, je ne manquais pas de collaboratrices et collaborateurs à l’Assemblée ou Matignon pour entrer dans le détail des dossiers. Ma tâche était beaucoup plus considérable. Je bâtissais l’image de mon François et lui fournissait tous ses éléments de langage.

''J’ai la fibre sociale''

Pourriez-vous nous citer quelques exemples ?

Ce serait trop long, mais mes meilleures réussites me restent en mémoire. Ainsi, fin septembre 2012, cet envoi bien senti : ‘’Il y a une injustice sociale entre ceux qui travaillent dur pour peu et ceux qui ne travaillent pas et reçoivent de l’argent public’’.

Beaucoup de socialo-communistes, de syndicalistes, ont parfaitement compris l’allusion. Comme je lui ait fait dire, j’ai travaillé dans l’ombre, réticente à me mettre en avant. Je ne suis pas une m’as-tu-vue, comme l’étaient Marie-France Garaud ou un Pierre Juillet auprès de Pompidou, Chirac ou VGE. Des fainéants. Je vais remplacer à moi seule 500 000 fonctionnaires… Philippot, auprès de Marine Le Pen, ne fait pas le centième de ce que je produis. Tout ce qui figure sur la page Wikiquote est de moi. Par exemple ‘’les cas choquants de rémunération des patrons attisent la violence’’. Ou encore ‘’mon projet perturbe les castes bien établies. Tous ceux qui, au fond, profitent du système’’. Et sur le Smic : ‘’c’est trop facile d’être généreux avec l’argent des autres, au détriment de l’emploi des autres’’.

C’est en dialoguant avec les ouvriers agricoles sarthois et les chauffeurs de taxis parisiens que je retire la substantifique moelle des propos que je prête à mon époux.

Les dispositions sur les retraites, c'est vous ?

Bien évidemment. Hormis quelques estropiés, qui n'aspire pas, comme moi, à travailler jusqu'au dernier souffle ?

On vous décrit assez rigide et critique des mœurs contemporaines. Est-ce vrai ?

L’une de mes premières mesures à la Présidence, mais mon mari l’annoncera, sera de débaptiser tous les groupes scolaires Gay-Lussac. Cela vaut incitation à la débauche des invertis ! Mais je suis très ouverte aux bonnes suggestions. Je vais d’ailleurs tester le revenu universel sur moi-même un semestre ou deux.

Mais je n’ai pas le monopole du cœur : si je suis satisfaite, j’étendrai la mesure aux mères méritantes titulaires de la médaille d’or de la Famille française ayant élevé au moins huit enfants. J’ai la fibre sociale aussi tendue qu’une corde de violon. Tiens, ce n’est pas mal, cela. François ? J’ai ton nouveau texte ! François ? Toujours à attendre que cela lui tombe tout cuit dans le bec, celui-là...