Ce n’est pas vraiment parce qu’il est sur la ligne de ‘’Bilal Hamon’’ sur le port du voile que Noël Mamère apporte son soutien au favori de la primaire du PS. Mais parce qu’il voit en lui, autant, voire davantage qu’en Jean-Luc Mélenchon, le porteur d’une évolution écologique. Accessoirement, s’il reconnaît des qualités à Yannick Jadot, ‘’il n’est pas sûr qu’il aura ses 500 parrainages pour se présenter’’. Noël Mamère votera donc utile au premier tour des présidentielles. Surtout, il a dû être convaincu, lors du débat opposant Benoît Hamon à Manuel Valls, de l’attention forte que le Jeremy Corbin français, comme le surnomment les Britanniques, accorde à l'écologie, lie lutte contre le réchauffement climatique, prévention sanitaire et contrôle de l’alimentation industrielle, et santé publique…
Mortalité accélérée ?
On meurt certes plus vieux mal nourri que pas nourri du tout.
Mal nourri s’entend dénutri ou en surpoids, obèse. L’ennui, avec un débat télévisé canalisé par des journalistes, c’est qu’il ne faut surtout pas s’étendre sur un sujet qui déconcerterait l’auditoire et vous voudrait d’être constamment interrompu par des présentateurs soucieux d’audimat. Benoît Hamon aurait peut-être pu convaincre Manuel Valls, en privé… C’est peut-être dû au fait que sa partenaire, Gabrielle Guallar, est une vraie tête, super-diplômée (que Madame Valls n’y trouve pas ombrage, mais ses centres d’intérêts sont différents), que Benoît Hamon a développé les concepts tirés de celui d’épigénétique. Mais allez donc parler de la régulation de l’ARN quand, dans l’étrange lucarne, l’ADN n’est plus évoqué que lors des séries policières.
Joël de Rosnay résume très bien le rôle de l’ARN : nos comportements (activité, sédentarisme), notre alimentation (bio, industrielle), et tout notre quotidien font que nous pourrions vivre majoritairement assez vieux – jusqu’à quand ? – mais de moins en moins bien portants. Noël Mamère a certainement saisi ce qui fondait les propos de Benoît Hamon.
Lequel, selon Mamère, ‘’sort du productivisme, du mythe de la croissance, et tient compte (…) de l’écologie’’. Benoît Hamon a plaidé pour la ‘’reconnaissance des pathologies psychiques’’, du mal-être au travail, souligné l’essor des maladies chroniques, le danger des additifs alimentaires et des pesticides, la nocivité des manipulations des laboratoires, &c.
Manuel Valls et Anne Gravoin, sa compagne, n’écarquillaient certes pas les yeux, comprenaient, approuvaient, mais il n’est pas sûr qu’ils appréhendaient l’enjeu. Eh oui, on peut ‘’négocier avec les banquiers, pas avec la nature’’. Je persiste à penser que Benoît Hamon, comme Michel Rocard Premier ministre, est trop franc, trop sensible à la complexité, et donc beaucoup moins apte à remporter un premier tour présidentiel que Manuel Valls. Ce débat ‘’nuances de bleu et entente cordiale’’ (costards-cravates et animosité feutrée), m’a presque convaincu que, tant qu’à faire, autant avoir un Benoît Hamon affrontant Marine Le Pen ou François Fillon (s’il tient jusque-là). La page du ‘’tout sauf Valls’’ est tournée, il saura appuyer les propositions écologiques de son concurrent, qui, comme Jean-Luc Mélenchon, insistera beaucoup plus que leurs adversaires sur l’enjeu écologique, la prévention sanitaire, la santé publique.
On peut négocier avec un François Fillon, une Marine Le Pen, un Emmanuel Macron, ‘’pas avec la nature’’. Puis, si par miracle il emportait la présidentielle, Hamon serait peut-être plus ferme sur ses convictions face à Trump ou Poutine. Ce dernier est capable de potasser l’épigénétique, pour Donald Trump, on peut en douter. Très fort. Quant à ‘’Bilal Hamon’’, peut-être faudrait-il poser la question aux trumpistes français et aux adhérents du Front national : préféreriez-vous vivre à l’ombre d’une mosquée ou devenir très mal portant ? Ce qui semble plus évident, c'est que la prise de position de Noël Mamère peut inciter les écologistes à aller voter dimanche, à la primaire de la gauche.