Certes, Marine Le Pen, usant de propos forts pour dénoncer la collusion des pouvoirs ex-UMPS avec la gangrène policière, n'a pas évoqué l'emploi de Gaël Nofri, employée par elle-même, rétribué par les contribuables au titre d'assistant parlementaire européen de son père, Jean-Marie Le Pen. Mais elle veut la transparence, la clarté totale, et ne saurait tarder de la faire intégralement sur cette question. Mais pour la première fois dans une campagne électorale présidentielle, une candidate a dénoncé les micmacs des pouvoirs et des fonctionnaires de la justice et de la police.

Elle se réserve sans doute d'annoncer plus tard la seule réforme essentielle susceptible de mettre fin à la guerre civile larvée opposant la population aux forces de l'ordre : supprimer la police, confier le maintien de l'ordre à la seule gendarmerie. En laquelle les citoyennes et citoyens conservent leur confiance. Mais, sans remonter à l'affaire de l'assassinat du prince Jean de Broglie, secrétaire d'État, ou à celui du chauffeur du regretté du regretté Alain Peyrefitte, député-maire de Provins, que le ô combien intègre Charles Pasqua imputa à Action directe, Marine Le Pen a évoqué à demi-mots le coup de Tarnac et l'affaire Théo Luhaka. Une presse aux ordres a laissé supputer qu'elle plaidait pour elle-même.

Marine Le Pen est bien au-dessus de cela.

Arrogance

Ce qu'elle dénonce, ce sont bien sûr les manipulations policières. Ne nous étendons pas sur l'affaire de Tarnac, transformant les auteurs de L'Insurrection qui vient et leurs proches en terroristes fomentant un coup d'État… Une magistrature considérée servile (par François Fillon, par le Front National) n'a pas su étayer les accusations.

L'enquête policière a été balayée, Julien Coupat fut libéré, mais Marine Le Pen saura sanctionner le procureur Jean-Claude Marin si elle accède à la présidence. Un procureur qui avait requis un non-lieu pour Jacques Chirac dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris. S'il est bien un domaine qui suscite l'ire de Marine Le Pen, c'est bien celui des emplois fictifs.

Il y aura des Légions d'honneur et des Ordres du mérite qui sauteront. Mais, clairement, les propos de Marine Le Pen visaient l'affaire Théo Luhaka. Lequel aurait fait preuve "d'arrogance" à l'encontre des policiers. L'arrogance, pour les policiers, c'est quand vous faites remarquer poliment que des véhicules de pompiers bloquaient ceux de vos riverains qui viennent de se faire verbaliser. L'arrogance, c'est si vous osez faire constater qu'un individu en état de légère ébriété est pris en charge par ses amis qui vont lui trouver un taxi et l'accompagner chez lui. L'arrogance, c'est quand vous dites à des policiers que vous êtes un ancien collaborateur d'un ex-ministre de l'Intérieur. Trois faits vécus.

Cela peut vous conduire en garde à vue ou vous valoir, comme à Théo Luhaka "une perforation du rectum (…) une large plaie (…) de la marge anale avec section traumatique complète du muscle sphinctérien, et une plaie sur dix centimètres de profondeur du canal anal". Aucun ministre de l'Intérieur, pas même Pierre Joxe (qui au moins, aura tenté), aucun parlementaire (surtout pas Jérôme Cahuzac, parfaitement au courant du rôle de la Fondation Jean Moulin, bras financier des syndicats des gradés et supérieurs de la police), n'a pu mettre fin à diverses pratiques. Mais Marine Le Pen, qui a consulté le rapport de l'IGPN (en libre accès sur le site de Marianne) sur l'affaire Théo, va sans doute enfin réconcilier la Nation et ses forces de l'ordre en confiant l'exclusivité de la mission régalienne à la seule Gendarmerie nationale.

Enfin ! Et que l'on ne dise pas que c'est pour contrer François Fillon qui veut que des retraités de la police nationale soient rétribués par les villes de plus de 10 000 habitants pour verbaliser et abonder les finances communales. La famille Le Pen, qui fait don de leurs personnes à la France, ignore ces basses manœuvres électorales !