Quand Poutou, le candidat du NPA veut aborder les licenciements lors de l'émission 'On n'est pas couchés', Ruquier & consorts ainsi que l'auditoire sont pliés de rire. Bon, cela peut survenir, mais c'était peut-être l'expression du naturel d'animateurs de télévision, aussi, allez savoir. En tout cas, cela fait glosser. Poutou n'a pas la présence d'un Georges Marchais ("Taisez-vous, Elkabbach !" ou "Liliane, fais les valises, on rentre à Paris, l'Mitterrand y veut plus de l'union de la gauche"). S'il n'était pas candidat, le verrait-on dans l'étrange lucarne ?

Autre débat… La rédaction de 'Siné mensuel' l'invitera peut-être et lâchera quelques bonnes grosses vannes, mais dans un certain entre-soi : faire la causette avec des anonymes, des pas trop intellos, des chomedus, cela la connaît. Elle le prouve avec ce numéro "semi-spécial" micro-trottoir. Bon, il y a quelques autres rubriques et un reportage au Mémorial des civils dans la guerre (c'est à Falise, c'est "dédié à la vie et la survie des civils pendant la Seconde Guerre mondiale", et le site en ligne vaut aussi la visite). Mais pour l'essentiel, c'est bourré de "paroles d'invisibles" (le Mémorial itou). "45 témoignages coups de gueule". Petite sélection…

Moins pire ? Vraiment ?

Le truc que vous replacerez peut-être est dû à Odilon, 30 ans, un intermittent du spectacle : "à force de voter utile, le moins pire est de pire en pire".

Le plus convenu et déjà entendu est de Doumé, 56 ans, patron d'un zinc bière-limonade : "On devrait être reconnus d'utilité publique". Alexandra, 31 printemps, ex-policière : "on apprend aux CRS à être des bourrins". Patrick, 60 ans, kiosquier : "ils promettent la lune et une fois élus, ils nous montrent la leur". Mais il y a aussi Gina la Martiniquaise, Élisa, ex-salariée d'Axa, licenciée après un accident, Laurence, désolée de ne plus pouvoir aussi souvent visiter une vieille dame, Sébastien, berger… Ou Christophe, OS, pour qui le parti abstentionniste domine chez les ouvriers… Mais aussi Johnny, marin-pêcheur, ex-électeur du Front national, et Ikram, éducatrice spécialisée, qui pourrait voter Marine Le Pen.

De ce point de vue, pour aller plus loin, je vous recommande le livre de Sarah Proust. Fille d'un Français "souchien" et d'une Française maghrébine, elle est maire-adjointe parisienne et travaille à la Région IDF, mais surtout la spécialiste du Front national au Parti socialiste. Vu que c'est costaud, peut-être que son résumé d' 'Apprendre de ses erreurs – la gauche face au Front national', à l'occasion d'un entretien avec 'Le Point' (aussi sur le site de l'hebdo), vous suffira pour vous former une idée.

Elle aussi est allée à la rencontre de l'électorat du FN, surtout dans de petites villes moyennes ou des banlieues, en chercheuse "semi-immergée". Elle en cause très simplement, avec une certaine empathie pour les intéressés, de même (en vidéo) sur le site de la Fondation Jean-Jaurès. Cela vous permettra peut-être de décrypter les propos de Benoît Hamon (forcément réducteurs, car le format audio-visuel l'exige, lui est imposé, comme à Poutou), sur l'immigration, la laïcité, et cetera. Ni Hamon, ni Mélenchon, peut-être d'autres (Jean Lassalle, qui vient d'obtenir ses parrainages ?), ne vont rater ce numéro 62 de 'Siné mensuel'. Tiens, pour le suivant, daté avril, le 63, un débat entre la jeune Sarah Proust et le vétéran parlementaire centriste Jean Lassalle, pourquoi pas ?