Le numéro 61 de Siné mensuel a choisi de faire l'impasse sur la campagne présidentielle. Quoique… On peut trouver comme une certaine ressemblance au Donald Trump de la couverture avec François Fillon… Et sur le site du mensuel, Berth fait rouler la tête de François Fillon aux côtés de celles de Valls, Juppé, ou Hollande.
Mordillat en vedette
Le sommaire de ce numéro du mensuel ne marque toutefois pas un black-out sur François Fillon car les caricaturistes ont bien sûr pris connaissance des révélations d'un Canard enchaîné, qui, une fois de plus, avait disparu des kiosques dès 10 heures, mais, fait exceptionnel, a procédé dans la journée de mercredi à un retirage.
L'équipe rédactionnelle s'est plutôt penchée sur le poids de la dette des États. C'est d'actualité alors que les États-Unis de Donald Trump gonflent la leur, que le Royaume-Uni mise sur sa transformation en paradis fiscal. L'économiste Pierre Concialdi se penche sur les cas de la Finlande, de l'Espagne, de l'Islande et de l'équateur. Léa Gasquet, qui a raté un épisode ("la campagne [électorale] nous ennuie à mourir", ah bon ? en pénitence, elle recensera les noms des signataires de la tribune de soutien à Fillon dans Le Figaro, et surtout ceux des non signataires), revient sur l'état des prisons françaises. Manuel Valls en souhaitait de nouvelles, les Pays-Bas en ferment, et l'Italie voit le nombre des emprisonnés décroître.
Il est vrai que l'Italie a découragé les Fillon en puissance. Il est aussi question d'écologie en Europe et de dépénalisation de la consommation de certaines drogues. Aussi des camps parisiens de réfugiés et migrants. Étienne Liebig, anthropologue et travailleur social, s'est penché sur la journée de travail d'un postier. C'est quasi, puissance à l'infini, l'inverse de celle d'une Penelope Fillon au Palais Bourbon ou à la permanence RPR de Sablé (figurant, en rajout, sur un contrat dont elle n'a pas le moindre souvenir).
Les sarkozystes sont aussi à l'honneur. Comme Wauquiez, qui sabre les subventions aux présumés mal-pensants et gonflent celles des associations de pêcheurs à la ligne, même abstentionnistes, Estrosi soigne les chasseurs : 2,5 millions d'euros de libéralités. À peine deux fois plus que les allocations d'assistanat de la famille Fillon (une paille par rapport à la poutre du Revenu universel).
Mais l'invité du mois, c'est Gérard Mordillat, aux multiples casquettes (non, pas de cumul des mandats). Lequel s'étonne du "désir de fascisme'', de la montée de l'illéttrisme dans les pays musulmans ("les tyrans veulent des peuples ignorants", les Fillon veulent des électeurs ne lisant que leurs tribunes). Gérard Mordillat fait le pari de donner la parole à des érudits, sur Arte. Un peu ghetto Arte, non ? Eh oui, "reconnaître l'intelligence du public, c'est désormais un combat", doit-il admettre. Léa Gasquet se rattrape aux branches en évoquant les 5 805 euros alloués aux députés pour leurs menus plaisirs et frais. À peu près autant que leurs indemnités. De quoi, cumulés, refiler de l'argent de poche aux conjoints et aux enfants, non ?
Eh bien non, il faut aussi taper dans l'allocation destinée à rétribuer des assistantes… Coût de revient global d'un député ? La suite au prochain numéro. N'oublions pas la chronique de Delfeil de Ton. "Il y en a qui s'en fourrent plein le cornet. Il y en a qui coincent la bulle''. Mais à qui pensait-il donc ? À Pénolope Fillon qui ne prenait pas la peine de consulter le solde du compte joint du couple, ni les 14 autres, et les a découvert gonflés à l'insu de son plein gré en lisant Le Canard enchaîné, enfin non, la revue de presse que l'attachée parlementaire de son mari lui faisait remonter ?