En Afrique, lorsque naissent des atteintes aux droits de l'Homme, une manière de les justifier est de dire que les droits de l'Homme universellement reconnus ne sont pas conformes à l'entendement africain des droits de l'Homme. Autrement dit, les droits de l'Homme tels qu'on les connaît au niveau international n'existent pas dans la Culture africaine. L'objectif visé implicitement avec ces assertions, c'est que, les droits de l'Homme ayant une origine exogène à l'Afrique, sur le continent noir, on peut bien s'en passer !

Au-delà du caractère ridicule et risible de telles affirmations, et derrière l'idée d'un prétendu retour aux sources ou d'un prétendu désir de revalorisation de la culture africaine, c'est l'expression sans nom, d'un mépris social et d'une volonté d'écraser les plus fragiles qu'il s'agit de voir dans ces thèses alléguées.

Un mépris social dans l'absolu

Faire croire que les droits de l'Homme sont étrangers à l'Afrique et qu'ils nécessitent un aménagement spécial pour les mettre en adéquation avec les cultures locales pour les pourvoir d'effets est un leurre. Ceux qui soutiennent cette thèse n'ont qu'un objectif : maintenir le statu-quo qui profite à la minorité dirigeante et lèse la majorité exploitée et paupérisée qui ignore ses droits. En effet, vouloir prendre en compte la culture africaine avant tout déploiement de l'arsenal juridique des droits humains et libertés fondamentales, c'est viser le maintien des abus de tous genres.

Par exemple, au plan social, et, au nom de la culture africaine, on continuerait d'observer le dogme de la primogéniture qui consacre des droits d'aînesse, de même que le dogme de la supériorité masculine qui rabaisse continuellement les filles et les femmes au profit des garçons et des hommes.

Au plan politique, au nom de la culture africaine, il y aurait toujours moins de pouvoirs pour les femmes et les jeunes. Ainsi de suite.

Mais surtout, là, où, on porte atteinte à la conscience humaine et qu'on la blesse, c'est que les tenants de la thèse de la contextualisation obligatoire des droits de l'Homme savent bien que la population africaine est majoritairement analphabète et ne dispose d'aucun moyen intellectuel pour les contredire.

Et c'est à ce niveau qu'il convient de parler d'une arrogance intellectuelle, d'une insolence organisée et d'un mépris social avec en perspective, la volonté de toujours dominer les plus faibles. A ce sujet, il est inutile de mentionner que le mépris social ainsi exprimé à l'égard des Africains qui n'ont pas eu à l'école fait partie des causes d'accroissement des inégalités de tous genres, et plus particulièrement des inégalités intellectuelles.

Un discours cachant très mal la volonté de dominer les plus vulnérables

Il est évident qu'en faisant croire au peuple africain que les droits de l'Homme doivent être réaménagés pour les adapter au contexte culturel africain, la classe politique africaine qui veut se trouver un alibi pour piétiner les droits de l'Homme, trouve en même un moyen de légitimation de son pouvoir, mais aussi un moyen de domination des plus fragiles. En effet, il plus facile de dominer un ignorant qu'un savant. En faisant croire aux Africains que les droits de l'Homme sont étrangers à leur culture, on veut leur faire savoir qu'en fait, ils ne méritent pas les droits de l'Homme en l'état. Et comme le plus souvent en Afrique, les populations sont toujours sensibles à ce qui touche à leur identité culturelle, cela veut dire que la classe politique démagogue a encore de beaux jours devant elle.

Cette classe politique africaine, qui, en plus d'être démagogue, est sans scrupule vis-à-vis de son peuple. La seule arme qui pouvait inquiéter une telle classe politique était les droits de l'Homme. Or, en l'espèce, en faisant croire aux citoyens que les droits de l'Homme viennent d'ailleurs et qu'il n'y a pas lieu de les respecter en l'état, la classe politique africaine gagne tout désormais.