Plus soucieux peut-être des résultats des sondages que de "l'éthique'' et du "registre moral'' qui plombent, comme l'a indiqué le député LR du Rhône, Georges Fenech, la candidature Fillon "plus que la justice'', les prochaines heures pourraient en sonner le glas. Relevons que Georges Fenech est un ancien magistrat... Nouvel élément, dernier en date mais non en nombre, l'étrange lettre du député européen Jérôme Lavrilleux, un temps successeur de Xavier Bertrand au conseil général de l'Aisne. C'est un ancien proche de Jean-François Copé, ex-directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, en froid avec Alain Juppé et François Fillon depuis son implication dans l'affaire Bygmalion.
Soucieux de se le concilier, François Fillon l'a sollicité. Il vient, en date de ce jour, répondre au "Cher François". Il évoque la demande de promesse de parrainage du candidat, restant évasif sur les suites qu'il pourrait y donner, s'excuse de ne pouvoir assister à une rencontre entre députés européens et François Fillon le 22 prochain. Il évoque aussi, sans la nommer, l'affaire Bygmalion, "parfois alimentée par mes propres 'amis politiques'", et termine par ce morceau bravoure citoyenne : "Restez confiant car nous avons dans notre pays la chance de pouvoir compter sur une justice indépendante et compétente, qui sait établir la vérité des faits et des responsabilités. C'est au final la seule chose qui compte.
".
Comptes et compte à rebours
Voici quatre-cinq jours que l'hypothèse aléatoire d'un Plan B est évoquée. Mais ce jour, cela s'accélère, d'heure en heure. Benoist Apparu s'en tient au Plan F (comme Fillon). Mais Bruno Le Maire indique ''les sommes qui sont en jeu choquent beaucoup de Français''. Une litote. Car "l'addition flambe" avec près de 900 000€ perçus par Penelope Fillon, 57 000 par Marie Fillon, 26 600 par Charles Fillon.
Et pas d'indemnités de grossesse, par exemple ? C'est certes du brut, qui inclut des cotisations d'une retraite dont Penelope Fillon peut à présent demander l'ouverture ou la constitution de dossier. Stéphane Le Foll, qui a relégué l'ex-suppléant de François Fillon au Parlement européen, s'est insurgé contre l'évocation d'un "coup d'État institutionnel venu de la gauche".
Même des titres régionaux, telle La Dépêche, suivent les développements du Penelopegate en direct. Des titres nationaux qui évoquaient ''l'affaire Fillon'' emploient désormais plus fréquemment cette dénomination. Dans Challenges, Bruno Roger-Petit suppute les chances de Juppé, Baroin, Bertrand, Wauquiez, oubliant Pécresse mais non pas Gérard Larcher. "Conserver Fillon, c'est perdre ; remplacer Fillon, c'est encore perdre", estime-t-il. Oui, mais de combien ? Qui peut encore viser, sinon la seconde place, du moins la troisième ? Il est possible que les sites 2017 dont les noms de domaines ont été déposés soient le fait d'internautes facétieux (Chirac2017 est déjà un compte Facebook et Twitter, mais un site serait en préparation).
Alors que Marc Joulaud est entendu à Nanterre par la police, il apparaîtrait que Penelope Fillon aurait déclaré ne pas avoir retrouvé ses contrats de travail ni se souvenir d'en avoir signé ou non le moindre. Philippe Gosselin (LR) doit assurer qu'il n'est pas "téléguidé par Alain Juppé" auquel le député vient d'adresser un appel pour "prendre le relais''. François Fillon vient d'annuler ses voyages au Liban ou en Irak, où il n'aurait pu esquiver les questions de la presse (française et surtout étrangère). Conseil national LR extraordinaire, initiative d'un groupe parlementaire, quoi d'autre ? Pour l'instant, l'UDI (centristes) reste sur sa réserve. Et puis Henri Guaino et Michèle Alliot-Marie affutent leurs prochaines déclarations.
François Fillon souhaite qu'on lui laisse 15 jours pour oublier sa quinzaine de comptes bancaires. Vœu pieux ? Le Monde prépare un dossier sur les candidats dont la campagne fut entachée par des affaires (ainsi de Jacques Chaban-Delmas). Côté sarkozystes de base, un seul mot d'ordre : "il faut aller vite".