Peu après le manifeste de 17 parlementaires ou anciens ministres, réunis autour de Georges Fenech pour dire qu'il n'était plus possible de faire campagne, tout juste avant que François Fillon les rencontre, ainsi que d'autres, Alain Juppé s'est exprimé depuis Bordeaux. Après divers revirements à mots couverts, Alain Juppé a réaffirmé : "il peut compter sur mon soutien". Il s'agit à présent de "parler aux Français de ce qui les intéresse vraiment". Surtout d'éviter le "désastre" que serait "l'arrivée du Front national au pouvoir". François Bayrou avait assez clairement laissé entendre qu'il soutiendrait Alain Juppé si ce dernier incarnait le Plan B.

Il est difficile à présent au dirigeant du Modem de tergiverser : soit il se déclare candidat, soit il reste en retrait et de fait, critiquant François Fillon, il laisse son électorat se diviser entre les candidatures Macron et LR. Difficile de prévoir ce qu'il en résultera, soit de l'ordre d'arrivée à l'issue du premier tour de la présidentielle. De plus, alors que François Fillon sera attendu à Compiègne demain soir, il déjeunera auparavant avec Nicolas Sarkozy, dans les bureaux de l'ancien président, près de Miromesnil. Ce serait le candidat LR qui aurait sollicité cet entretien. De son coté, Christian Estrosi, qui s'exprimait ce matin sur LCI, n'a pas appelé François Fillon à se retirer mais à infléchir son programme : "je veux qu'on parle autrement de la classe moyenne", a-t-il déclaré en faisant état de désaccords.

Réaction similaire d'Éric Ciotti sur l'initiative des parlementaires appelant au retrait de François Fillon : la famille politique doit rester "unie, rassemblée", a-t-il déclaré à LCP en désapprouvant le recours au bureau politique de LR. Mais François Fillon devrait cependant se méfier de ses "amis". Qui pourraient s'abstenir de le soutenir publiquement, si ce n'est du bout des lèvres, ou… maladroitement.

Ainsi de l'adjointe et dauphine d'Alain Juppé, Virginie Calmels, qui soutient l'argumentaire de François Fillon : les contribuables n'ont pas plus que le parquet à savoir comment un parlementaire utilise l'enveloppe qui lui est allouée (pour ses "menus" frais, pour rétribuer qui bon lui semble à faire selon son bon plaisir).

Cela revient à piquer au vif les magistrats… sans parler de l'opinion (il s'agit, cumulé, de près de 15 000 euros mensuels, à multiplier par 925, en sus des rémunérations des parlementaires eux-mêmes). Mais il semble qu'en l'attente de la décision du parquet financier, rien de décisif n'arrêtera le "train" de François Fillon, lancé vers le butoir du premier tour de la présidentielle. Le Penelopegate reste désormais suspendu à cette échéance et à la nature de la décision du parquet.

Plus de bureau politique

La lettre ouverte de Georges Fenech adressée à François Fillon quelques heures avant le fameux dîner au restaurant Le Baron, hier soir, n'aura pas de suite. "Il est de ton devoir de réunir sans délai le bureau politique de notre mouvement", concluait-il après avoir évoqué le délai de deux semaines demandé par le candidat, qui a expiré sans qu'une "clarification [soit] intervenue".

La demande a été retirée. Devant les parlementaires réunis à l'Assemblée, François Fillon a conclu : "est-ce que vous m'aidez ou est-ce que vous me compliquez la tâche ?". Bruno Le Maire, Luc Chatel, Éric Woerth, Édouard Philippe (député-maire du Havre), et d'autres, peu fillonistes dans l'âme, ont coupé court à l'initiative de Georges Fenech. Reste à constater comment les candidats investis pour une élection ou une réélection accorderont leur aide. Ou comment les militants seront reçus lorsqu'ils colleront (ou non) des affiches ou distribueront (ou pas) des tracts. Entreront-ils dans la campagne ou prendront-ils la clef des champs ? Ou accepter de se traîner le Penelopegate sur les marchés et aux abords des salles des rassemblements ?