Premier à s'exprimer clairement contre le maintien du candidat François Fillon, Georges Fenech a réuni des députés, sénateurs, eurodéputés et anciens ministres à l'issue du délai de deux semaines demandé par François Fillon pour statuer sur le maintien de sa candidature. Combien sont-ils réellement ? Juste ceux présents à Paris, au dîner d'hier soir, lundi, au restaurant Le Bourbon ou davantage ? Georges Fenech s'était exprimé dès la parution du second volet du feuilleton du Canard enchaîné, le 1er février. Il estimait que "le résultat de la primaire est caduc".
Il lançait alors "un appel" valant pétition auprès de tous les parlementaires LR. Il avait fait un flop puisqu'il souhaitait en révéler le résultat avant le dimanche 5, bien avant le délai demandé par François Fillon pour tourner la page du Penelopegate.
Net désaveu
Dès hier matin, sur Europe 1, Christian Estrosi lançait un "je n'ai jamais été filloniste". Cela tient à des ambitions déçues mais aussi à un contentieux. Il remonte aux cinq ans à Matignon : l'ex-Premier ministre la jouait déjà trop "perso" selon divers ministres et secrétaires d'État. Puis il y a eu l'élection du président du parti. Ce fut Nicolas Sarkozy mais après une rencontre entre Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l'Élysée, et un François Fillon voulant fragiliser, grâce aux affaires judiciaires, l'ex-président de la République.
La campagne du candidat aux primaires n'a pas épargné Nicolas Sarkozy et depuis, François Fillon s'est isolé, distribuant des bâtons de maréchaux, des étoiles et palmes de généraux, mais se comportant comme à Matignon, ne consultant que Jérôme Chartier et Bruno Retailleau, à la rigueur Gérard Larcher, et bien sûr ses fidèles de second ou troisième rang, son "cabinet blanc" de communication.
Il y avait donc 17 (davantage pour Europe 1, moins pour BFM) convives lundi soir au Bourbon. Claude Goasguen, Nadine Morano se joints à ceux qui avaient déjà exprimé les mêmes réticentes que Georges Fenech au cours des deux dernières semaines. Mais combien sont-ils réellement ? Trois groupes de combat, une section ? Et il y a-t-il un groupe de commandement soudé ?
Le sondage du jour (Odoxa pour L'Express, France Inter et la PQR), incluant un François Bayrou à plus deux points d'opinions favorables, voit Marine Le Pen à peu près stable, Benoît Hamon mordre sur Jean-Luc Mélenchon, une légère baisse d'Emmanuel Macron, mais, à 22%, dix points de moins pour François Fillon d'un mois sur l'autre. Odoxa évoque la poursuite d'une "vertigineuse dégringolade dans l'opinion" et un recul de 14 pts chez les sympathisants de droite hors FN. Cependant, même si Le Canard enchaîné et Mediapart alourdissaient encore le bât du candidat Fillon, il n'est plus sûr que cela puisse avoir la moindre influence sur son attitude : moi ou une déroute encore plus fracassante, telle est son argument en attendant la décision du parquet financier.
À La Réunion, le candidat a dû annuler ses deux derniers rendez-vous pour éviter que les télévisions montrent des manifestants brandissant des pancartes et placards. C'est au Bourbon que Jacques Chirac et 43 parlementaires avaient torpillé Jacques Chaban-Delmas et s'étaient ralliés à Valéry Giscard. Après le rhum de La Réunion, le Bourbon. Mais cette fois, même s'ils étaient autant, voire un peu plus, il n'est pas du tout sûr, faute de candidat alternatif fédérateur, que François Fillon cède : il dispose des fonds de campagne, et il peut s'accrocher. S'il se rend demain à Compiègne, c'est qu'il se maintient. Sera-t-il présent accompagné par Pénélope Fillon ? Attendu avec des pancartes évoquant le Penelopegate ? Ou faisant figure d'hologramme encore plus transparent du vainqueur potentiel qu'il fut et n'est plus ? S'il ne parvient plus à mordre sur l'électorat de Marine Le Pen, son maintien la conforte.