Il faudrait savoir. Soit les médias sont discrédités, ne jouent plus qu'un faible rôle, font qu'une affaire chasse l'autre, laissant passer la caravane, soit ils sont encore capables de créer une bulle médiatique (candidature Macron, assure-t-on), et d'influencer durablement l'opinion. Ce n'était pas au temps du cinéma muet, mais de la télévision en couleur que, sur France Info, François Fillon dénonçait "la manière dont le système politico-médiatique passe sur toutes ces affaires. Tout ça, ça fait la une pendant trois jours et puis c'est fini, on n'en parle plus (…) il faut des responsables politiques honnêtes, irréprochables".

Et bien même avec des "responsables" de la sorte, ainsi de François Fillon et de Thierry Solère, l'étiage de la morale publique et "du niveau d'éthique dans la vie politique" reste… ce que Georges Fenech en dit.

Le bal des hypocrites

Georges Fenech désarme, faute de combattants, mais continue de jouer les Cassandre. Sur Radio Classique, ce matin, il prédisait que Les Régaliens (les ex-LR), ouvraient "la porte de l'Élysée à Marine Le Pen". Car "hypocrites" ou "faux-culs" ne veulent pas "avoir l'image du traître à sa famille". Ne serait-ce pas plutôt la crainte des "boules puantes", volant de tous côtés cette fois, que François Fillon dénonçait initialement, après le premier jet du feuilleton du Canard enchaîné ?

Ce vers quoi on s'oriente, semble-t-il, ne serait plus un plan B mais un plan Bis. Nicolas Sarkozy a déjeuné avec François Fillon et reçu juste après François Baroin. Dont la cote dans l'opinion révèle une courbe inversement proportionnelle à celle de François Fillon. Que ce soit lui, ou Valérie Pécresse, ou on ne sait qui, faisant figure de futur Premier ministre, il faut à présent mettre une figure de proue capable de tenir la barre de la campagne.

Exercice délicat, quand tel Ulysse, le mari de Penelope Fillon reste attaché au mât du navire, oreilles bouchées de cire pour ne pas entendre les stridences des sirènes. Fait rare, Le Figaro poursuit sa consultation en ligne qui dépasse à présent les 111 000 répondants : 54% désavouent le candidat estimant qu'il n'existe pas d'alternative à sa personne.

Fait nouveau : un rassemblement dimanche, place de la République à Paris (15 heures), "contre la corruption des élus" (4,7K participants potentiels en deux jours sur Facebook). Lequel a essaimé dans diverses grandes et petites villes de province. Certes, celui de Sablé, pour le retrait de Fillon, a réuni plus de journalistes que de participants (une vingtaine), samedi dernier. Mais la requête "Penelopegate" continue de grimper vers les deux millions sur Google, et si les manifestations s'enflent à chaque déplacement de François Fillon (qui ne pourrait plus apparaître qu'en "invité surprise" lors de ceux de ses "soutiens" à mettre davantage en avant), il faudra bien en tirer les conséquences.

Mauvaise nouvelle aussi pour le candidat : un rapport parlementaire cosigné par Jean-Luc Warsmann (LR) et Sandrine Mazetier (PS) commence ce jour à circuler. Il souligne "la légitimité du procureur de la République financier" et "son bilan positif". Il devient difficile au pré-carré des soutiens affichés de François Fillon de s'attaquer aux magistrats, sauf à passer pour des factieux. Maintenu par défaut, François Fillon risque de faire figure de second rôle. À défaut de lui permettre assurément de figurer au second tour, cela permettra au moins de limiter la casse. François Fillon lance à présent une application mobile. Malheureusement, c'est la nature du mobile de ses embauches au profit de son épouse, de lui-même par Axa et d'autres, qui continue de retenir l'attention. Cela n'a pas fait pschitt, et François Fillon n'est plus tout à fait en mesure de le regretter puisqu'il déplorait voici cinq mois qu'une affaire puisse chasser l'autre.