Il se nomme Vincent Galtier, sa page personnelle Facebook comporte surtout des photos artistiques, d'amis (530), de rares nouvelles sur les actions des intermittents du spectacle (est-il musicien ou photographe indépendant ?), et un appel à une pétition. En faveur d'un viticulteur faisant du bio de la Côte de Beaune. Bref, aucun indice de militantisme, si ce n'est associatif, et encore très occasionnel. Pas non plus de personnes vraiment connues pour leur militantisme dans sa liste d'amis. Bref, sans doute le genre de jeune homme qui fréquente en fins de semaines les bars du quartier parisien de la porte Saint-Denis, entre Prado et Carrefour, et certainement davantage le New Morning que les meetings.

C'est le même qui lance l'idée d'un "Rassemblement contre la Corruption des élus". Non pas de tous les élus, mais des élus corrompus. En tout cas, sa profession de foi : "citoyen encarté nulle part", souhaitant un rassemblement "pacifique, citoyen, non récupéré", peut-être style Nuit Debout mais sans tête d'affiche, paraît totalement crédible. Si le Penelopegate semble bien le déclencheur, cette manifestation n'appelle pas à confectionner des pancartes ad hoc, ou à viser François Fillon en priorité.

Rendez-vous à 15 heures

Il donne donc rendez-vous, à partir du début de l'après-midi, place de la République, dimanche prochain, 19 février. Son appel évoque autant François Fillon et le Penelopegate que l'affaire Cahuzac et les cas de "potentiellement chaque politique en position de détourner des biens publics".

Et il précise seulement "à des fins personnelles". Un peu maladroit, mais souvent les intérêts personnels et les collectifs restreints se confondent, on le lui concédera. Car il lui semble désormais urgent "d'encadrer strictement la probité des élus". Ce qui paraissait inutile à François Fillon au temps d'avant, au temps de la loi instaurant le parquet national financier, par exemple.

Il évoque aussi les manifestations en Roumanie contre la corruption et laisse entrevoir un débouché vers des proclamations ou manifestes ayant émané des manifestants de diverses villes roumaines. La page de son événement recueille à présent près de 800 commentaires, et elle est assez largement répercutée. Il y a de tout, comme ce savoureux appel au "pot de départ de Penelope Fillon pour ses cinq minutes d'ancienneté", des rappels des affaires du Front national, mais surtout des suggestions de tenir de tels rassemblements en diverses villes.

Cela prend de l'ampleur minute après minute (17 000 intéressés, 3 800 participants). Ce n'est pas la seule initiative du genre puisque, au même endroit, mais le 5 mars, à partir de 10 heures, un autre collectif "Pas d'excuses", en appelle aussi au rassemblement, pour les mêmes mobiles (mais avec moins de suivi pour l'instant). Ce qui est sûr, c'est que la page Nuit Debout relaye. En revanche, un autre rassemblement, aussi dimanche, à Marseille a été annulé (peut-être faute de participants déclarés). Un mai en février ? Peut-être, sans doute pas, et ce n'est certes pas ce qui incitera François Fillon à renoncer : après tout, même s'il devait être condamné, autant jouer la montre (et ramasser des intérêts sur les comptes d'épargne).

Quoi qu'il en soit, Parisiennes, Parisiens, intéressés ou non, dimanche, peut-être faudra-t-il envisager que la station de métro République reste fermée, et qu'il faudra peut-être faire un détour pour joindre en voiture Bastille et Opéra, dans les deux sens. Si intéressés, dimanche, le ciel sera "partiellement nuageux" et cela restera frisquet (dans les 8°). S'il est bien suivi, même s'il reste sans violence, ce rassemblement pourrait évoquer un risque de troubles ultérieurs de l'ordre public au parquet financier. Pas de quoi précipiter les choses, mais peut-être de faire preuve d'encore un peu plus de célérité.