Qu'Ève Plenel soit rétribuée par la mairie de Paris est donc incontestable, qu'elle puisse œuvrer parfois depuis Berlin pas davantage. Je ne vais pas adresser des leçons de déontologie à Edwy Plenel, et tenter de m'en tenir aux faits. "Attaquer la fille pour salir le journal dirigé par le père est déjà un procédé contestable. Le faire en diffusant des fausses informations ajoute à l'ignominie".

Soit. Pas davantage que nous ne pouvons mettre en doute que Marie Fillon ait pu être la ghostwriter (auteure de l'ombre) de son père, même s'il eut été plus convenable qu'elle cosigne leur livre avec lui, nous ne contesterons pas que Madame Plenel fille effectue un vrai travail. Qu'elle le fasse depuis Berlin en partie n'est pas plus choquant que Marie Fillon ait pu travailler dans les trains entre Sablé et Paris. La seule véritable différence est qu'Ève Fillon semble rétribuée pour ce dont quoi elle est chargée et qu'elle était compétente puisqu'auparavant directrice générale d'Arcat et du Kiosque Infos Sida.

On peut déplorer que des associations vivent surtout de subventions, nous y reviendrons infra. D'autres déploreront aussi que la mairie de Paris soit engagée dans la prévention sanitaire de la sorte, ce n'est pas mon cas. Je ne déplore pas davantage que la fille ait pu bénéficier des conseils gracieux de son père, j'ai fait, je referai de même. Mais admettons que son itinéraire professionnel ait très peu dû – sans "aucun lien avec Mediapart" – et ne doive "rien à son père". Je crois pouvoir affirmer aussi que si la rédaction de Mediapart (*) soulevait de véritables lièvres dans la gestion de la mairie de Paris, Edwy Plenel se bornerait sans doute à inciter à une peut-être plus stricte vérification des éléments recueillis.

Salaire décent

1 682 euros nets serait un salaire décent. Il se trouve que nombre de docteures et de post-doctorants perçoivent beaucoup moins. On ne peut certes déshabiller Paul pour habiller Jacques, mais c'est aussi en abaissant les rémunérations des dirigeants qu'il est mieux possible de rétribuer davantage les moins bien rémunérés ; j'admets volontiers, c'est un autre débat. Je veux même croire que Madame Plenel Jr puisse éponger en temps partiel la charge de travail d'un temps plein, à Paris ou depuis Berlin. Si tel était le cas, il n'aurait pas été inutile de le préciser. Les soutiens de François Fillon relayent de fait un mensonge "diffusé par la fachosphère" puisque 1 682 euros nets, ce n'est pas 3 000 €.

Mais bon, c'est bien la somme indiquée par Libération qui ajoute, en note de bas de page, que cette somme correspondait "au total des deux mi-temps effectués" à la mi-juin 2016. Qu'en est-il à présent ? Tant qu'à faire, autant le préciser. Ce qui m'ennuie, Edwy, c'est qu'en te lisant, j'ai cru relire du Fillon d'il y a deux semaines. "Calomnie", "crapulerie", "ignominies". Allons. Sous l'uniforme du père, reste redchef, camarade ! Parlant d'emplois, n'ayant pas les moyens de Mediapart, je n'ai pu retracer le parcours de Florence Lamblin, ex-élue écologiste, ex-patronne de Sexecolo (.com), employée alors dans une structure subventionnée. Rien là-dessus dans Mediapart depuis octobre 2012. Ni ailleurs, je le concède volontiers.

J'aurais aimé te voir écrire qu'avant et après l'affaire Cahuzac, Mediapart n'a épargné personne et qu'il en sera de même à l'avenir. C'était, à mon sens, ce qu'il était le plus important de consigner. Cela va de soi ? Oui, mais, en les circonstances, encore mieux en l'écrivant. Pour en revenir au Penelopegate, mes félicitations à Louise Fessard, de Mediapart, qui a déniché la mise en examen de l'ex-sénateur PS des Bouches-du-Rhône, Roland Povinelli, pour emploi d'assistante parlementaire fictif et sur-rémunéré à sa belle-fille. Information essentielle à l'heure où les avocats de Fillon évoquent l'absence de précédent.

(*) L'étrange Régis Desmarais, dont la tribune sur Mediapart fut reprise par Fillon2017, n'a aucun lien direct ou indirect avec la publication.