La situation semble tendue, alors que le premier tour de l'élection présidentielle se tiendra dans bientôt un mois. Ce que nous ont appris le Brexit et l'élection de Trump à la présidence des Etats-Unis, c'est que l'on ne peut plus rien prévoir, on ne peut plus faire de pronostic qui tienne la route devant la contradiction, sur l'issue de ce prochain scrutin. Le moins que l'on puisse dire, c'est que peu de Français se permettent d'être optimistes, avec la montée du Front National, accélérée par le parti hybride d'Emmanuel Macron, qui montre bien qu'on peut construire un pont entre la droite de gouvernement et la gauche de gouvernement, et que la bipartition de la politique française n'a jamais été réelle.

A gauche, la division persiste malgré l'urgence

La primaire de la gauche a permis aux électeurs de trancher sur la ligne qui devrait prévaloir dorénavant au PS : une gauche qui s'assume, et qui n'hésite pas à tourner la page avec la gauche de gouvernement, trop proche de l'argent. La droite du fric et la gauche du fric, plus personne n'en veut, d'où le choix très marqué des électeurs à la primaire de la droite, et à la primaire de la gauche. Le Nouveau Parti Anticapitaliste va se présenter une nouvelle fois, malgré ses échecs répétés, rejetant une alliance avec Jean-Luc Mélenchon, qu'il juge être un professionnel de la politique. Si on quitte l'extrême gauche, les cas de Jean-Luc Mélenchon et de Benoît Hamon sont intéressants.

L'un et l'autre ne peuvent nier leur proximité idéologique, mais ne peuvent non plus conclure d'accord durable, en s'asseyant sur le projet qu'ils ont construit depuis plus de 6 mois - car des divergences persistent sur l'Europe et sur la défense. Ainsi, on ne peut nier que la gauche déboule à la présidentielle en ordre dispersé, bien que chacun des deux projets suscite un engouement extraordinaire - Jean-Luc Mélenchon fait des records d'audience à chaque fois qu'il passe à la télé.

A droite, l'incertitude prévaut

Les électeurs de la droite ont choisi d'en finir avec la droite du fric en décidant de voter massivement pour François Fillon, qui assurait être le candidat de l'honnêteté, de la transparence et pas celui de l'argent. A présent, cette promesse semble voler en éclats, et sans doute fragiliser l'électorat de la primaire, qui s'est bien rendu compte, avec l'affaire Fillon, que ce n'était qu'une posture puisque lui-même n'échappait pas de la règle à droite : la corruption.

Ainsi, on ne peut pas affirmer que tous les électeurs ayant voté pour François Fillon en novembre réitéreront leur choix en avril, devant les preuves qui s'accumulent contre lui. Il est mis en examen pour détournement de fonds publics et emplois fictifs.

Au centre, un phénomène médiatique hybride

Emmanuel Macron a-t-il une certaine consistance, une certaine cohérence, une certaine épaisseur ? Parfois, ses contradictions, à force de faire de grands écarts entre la droite et la gauche, lui jouent des tours. De plus, sa notoriété est propulsée par les médias depuis le lancement de son mouvement, et on peut donc penser qu'il ne s'agisse que d'un château de cartes monté de toutes pièces par la bulle médiatique, mais qui s'effondrera au premier souffle de la présidentielle.

Il rassemble sans doute trop d'opportunistes pour que son mouvement fasse rêver les foules, et fasse croire en des lendemains meilleurs pour la politique française.

A l'extrême droite, la montée en force

Faut-il s'en alarmer ? Sans doute. Le Front National a été pionnier sur le refus des partis politiques traditionnels, en se posant comme ni de droite, ni de gauche, tandis qu'Emmanuel Macron est de droite et de gauche en même temps. De plus, son projet islamophobe et anti-immigration plaît beaucoup face à la menace terroriste. Malgré les affaires dans lesquelles le nom de Marine Le Pen apparaît, l'engouement pour son projet ne faiblit pas, car elle arrive à faire croire à un complot de la justice à son encontre. Bref, on ne peut que s'inquiéter pour le résultat de mai.