En ce qui concerne la vie Politique française, et quel que soit le résultat des élections présidentielles, on pourra parler d’un « avant » et d’un « après » Macron. En effet, la candidature inattendue de l’ancien banquier marquera très certainement un tournant dans l’histoire de la Cinquième République française.

Emmanuel Macron et son mouvement En Marche! représentent un nouveau centre, issu d’un compromis intéressant entre droite libérale et gauche sociale, et n’est pas sans rappeler le SPD allemand ou encore les Démocrates américains. « Jeune et dynamique », Macron a tout d’un Trudeau français.

Cette tendance existait déjà, en réalité, au sein du Parti socialiste français depuis quelques années, et était notamment représentée par ce que l’on appelait alors l’aile droite, composée de personnalités comme Dominique Strauss-Kahn ou Manuel Valls. Les rumeurs de soutien de ce dernier à Emmanuel Macron, en ce sens, ne sont pas dénuées de pertinence, qu’elles soient vraies ou fausses — que Manuel Valls refuse de parrainer le candidat de son propre parti en dit certes long.

L'avenir du PS

Du fait de cette nouvelle force politique, ratissant parmi l’aile droite du PS, le centre (MoDem) et certains écologistes, il semble pertinent de penser que, peu après les élections présidentielles, le PS n’existera plus.

Le virage à gauche opéré par les électeurs du PS lors de la primaire par le choix de Benoît Hamon, résultant d’une grande déception du « hollandisme » qui s’est avéré trop à droite, aboutira, à terme, à un éclatement des deux ailes du PS. Si l’aile droite ralliera naturellement Emmanuel Macron, qui, rappelons-le, a été membre du gouvernement socialiste, l’aile gauche ne pourra, et ne devra pas, exister seule en tant que telle.

La meilleure des stratégies à adopter serait une alliance avec Jean-Luc Mélenchon et les écologistes les plus à gauche — le parti de ceux-ci devant connaître le même destin que le PS.

On se retrouverait donc, dans ce cas, dans une configuration à l’allemande, avec, d’une part, un centre puissant (En marche! - SPD), prêt à gouverner avec la droite, les frontières avec celle-ci étant très poreuses (le « juppéisme » marque, en effet, la transition entre En marche!

et les Républicains) ; d’autre part, une gauche affirmée (en Allemagne, die Linke), regroupant le Front de Gauche, l’aile gauche du PS et des écologistes, ainsi que différents partis de gauche antilibérale.

Et à droite...

À droite, les Républicains ne seraient pas épargnés par des ralliements au mouvement d’Emmanuel Macron. Avec François Fillon, la droite se droitise, mais s’essouffle. Elle devra nécessairement se trouver des alliances, mais la question de l’Europe s’avèrera être un véritable obstacle : comment convaincre un Nicolas Dupont-Aignan ou un François Asselineau au ralliement ? En vérité, la vraie force politique de droite sera le Front national, qu’il serait temps de cesser de qualifier d’extrême-droite maintenant que l’entreprise d’épuration (« dédiabolisation ») semble arrivée à son terme.

Le Front national, du fait de son euroscepticisme, semble déjà plus apte à rallier les petits partis comme DLF ou l’UPR, qui peuvent apporter de quoi faire la différence au second tour. À terme, le FN dédiabolisé et accepté comme force politique banale pourrait même finir par gober de vastes parts des Républicains (Poisson ou Guaino n’y seraient pas nécessairement hostiles).

Quoi qu’il en soit, l’arrivée d’Emmanuel Macron sur la scène politique aura mis fin au bipartisme Républicains/PS qui semblait être devenu la convention électorale. Cette élection présidentielle est un moment historique que nous avons la chance de vivre en direct.