François Fillon prend trois grands risques en appelant "le peuple français" à une manifestation dimanche en début d'après-midi, place du Trocadéro à Paris. Non celui de mécontenter des automobilistes ou des touristes si les stations de métro seraient momentanément condamnées. Mais, ceux, d'une part d'émuler une Marine Le Pen au masculin. Elle ne passe plus pour une factieuse, il en prend le chemin.

De devoir constater qu'en appeler à manifester contre la magistrature dissuade des élues et des représentants LR, susceptibles d'être ou de devenir en délicatesse avec la magistrature, bouder le rassemblement. On pense bien sûr à Thierry Solère, porte-parole de François Fillon, qu'une peut-être opportune fracture oblige à observer un bienvenu repos. Et qu'une toute aussi opportune chronique du Canard enchaîné ("La défense lunaire de Thierry Solère") autorise à retarder le dépôt de sa plainte en diffamation contre "le volatile". Car poursuivi, Thierry Solère avait annoncé son intention de porter plainte en diffamation, commme Françàis Fillon. Le délai de prescription courait, le voilà repoussé.

"Le Monsieur Propre de Fillon avait promis de plumer Le Canard en ouvrant tout son dossier. On attend toujours", titrent "ces Messieurs" qui avaient évoqué l'enquête préliminaire le visant. Thierry Solère conteste, à juste titre, la rémunération présumée fictive de son épouse en tant qu'assistante parlementaire : ce n'est pas 4 400 euros nets, mais seulement 3 850. Dont acte. Depuis, Thierry Solère a embauché sa belle-mère, Françoise Gautier. Verra-t-on, en fauteuil roulant ou sur cannes anglaises (prêtées par Penelope Fillon), Solère vociférant "presse pourrie, police partout, justice nulle part" ? Les faits confirmeront ou démentiront. Enfin, la coordination #StopCorruption s'interroge : manifester place de la République ou au Trocadéro ?

Imaginons une bavure policière, enfin, non, un dérapage dû à un enchaînement de circonstances, d'aléas incontrôlables, et un nouvel aveugle, un autre estropié, une autre jeune femme enceinte perdant un enfant à naître, qu'il s'agisse d'une caissière de supermarché ou d'une adepte de la Manif pour tous ? Qu'en dirait Christine Boutin (et tous les nouveaux dissidents du parti Les Régaliens – LR) qui vient d'appeler François Fillon à se retirer de la course à la présidence, qu'exprimeraient Sa Sainteté François, la conférence des évêques ?

Pour une droite probe

Avec Gaspard Delanoë, auquel la lavallière et le costume trois-pièces avec balcon sur jardin sied si bien, le Pftt (Parti faire un tour), et le PrOuT (Parti de rien, revenu de tout), son allié morganatique, envisagent le rendez-vous du Trocadéro avec sérénité.

Nous ressortirons les lodens, les trench-coats d'officiers, et élèverons, tels des ostensoirs ou de pieuses oriflammes, des pancartes "pour une droite probe". Avec manches en carton et doublures en papier crépon. Tels les veilleurs de la Manif pour tous, "gardiens silencieux d'un trésor que l'on veut détruire : la légalité républicaine, l'état de Droit". Fi de la sédition, proclamons sobrement notre réprobation. Avec mesure et componction. Avec en boutonnière, les rameaux bénits du dimanche de l'an dernier, et qui vient, sans insurrection, débuter bientôt la Semaine Sainte. Nous invitons fraternellement Christine Boutin, Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lassalle, Philippe de Villiers, Bertrand Renouvin, Jean d'Ormesson, et tant d'autres qui se reconnaîtront, militaires du rang, gradés, officiers des trois armes, et policiers, magistrats (toque et toge bienvenues), mères décorées de la médaille de la Famille française, ouvriers et paysans, cadres et dirigeants méritants, descendants des Croix de Feu, de la Boulange, pupilles de la Nation, Demoiselles de la Légion d'honneur, dignitaires des obédiences maçonniques (sans tablier ni sautoir, discrétion, discrétion) à se joindre à nous, en communion œcuménique. Enrhumé, le Dalai Lama a exprimé qu'il se joindrait à nous par la pensée.