Le débat du second tour (3 mai 2017) risque de nous laisser sur notre faim car il faut craindre que les relations internationales constituent une infime partie des différents thèmes qui seront évoqués. La géopolitique des conflits, l’attitude des Etats et des responsables politiques constituent des sujets importants dans un monde en déséquilibre permanent. En faisant l’hypothèse plausible que Macron va être élu le 7 mai, on attend qu’il nous livre sa géopolitique des conflits et sa capacité, en tant que nouveau Président, à donner une vision claire de ce que doit être la France puissance moyenne, mais néanmoins dotée de la bombe atomique.

Les conflits actuels sont connus : au Moyen Orient (Syrie, Etat Islamique, Irak, Afghanistan), en Europe (Ukraine, Crimée, Russie), en Asie du Sud-Est (tension entre Japon et Chine en Mer du Sud, Corée du Nord), en Afrique (Boko Haram et propagation du Terrorisme djihadiste).

Sous peine d’être insignifiant et de disparaitre face aux grands de ce monde que sont Trump pour les Etats Unis, Poutine pour la Russie, Xi Jinping Président chinois, Macron doit s’appuyer sur l’Allemagne pour faire la promotion d’une Europe de la défense puissante. L’alliance France-Allemagne est une question taboue en France pour des raisons historiques que l’on connait. La France, tout en gardant le doigt sur le bouton nucléaire, doit créer les conditions d’une Europe de la défense à construire, même si Allemagne et France restent membres de l’OTAN dominé par les Etats Unis.

Macron doit avoir un logiciel militaro-stratégique pour la France

La propagation du terrorisme condamne Macron à avoir une vision stratégique des différents conflits qui n’ont pas la même signification en fonction des territoires dans lesquels ils se déroulent.

Il doit sortir d’un romantisme de gouvernance en matière militaire et intégrer l’idée que la France est une puissance économique qui décline mais qui, militairement, a son mot à dire dans le monde. Macron doit intégrer l’idée que la connaissance des conflits dans le monde passe par l’analyse de l’histoire des peuples et la structure des territoires concernés.

Il ne suffit pas d’augmenter le budget de la défense pour se satisfaire du choix présidentiel. C’est un combat sans merci qu’il doit livrer, tant sur les questions internes que sur les enjeux extérieurs.

Macron face à l’incertitude des conflits

Le terrorisme livre à la France un combat impitoyable. On ne peut gagner la guerre contre le terrorisme en ayant seulement du courage.

Il faut savoir utiliser à bon escient l’expérience de terrain qui permet d’établir des choix stratégiques. Nous sommes entrés dans l’ère des guerres irrégulières, selon l’expression de Gérard Chaliand (Guerres irrégulières », réédition Gallimard, Folio 2008). Les Chinois veulent retrouver leur puissance passée, les Iraniens souhaitent avoir une place dans le monde contestée par Israël, les Russes sont de retour, les Etats Unis sont là en permanence. Que fera Macron dans ce maelstrom politico-militaire et stratégique ? Quelle place pour la France de Macron dans ce monde d’incertitudes dans lequel les conflits sont prêts à exploser (Corée du Nord/Etats Unis) ?