Le Président Macron continue de surprendre le Landernau médiatico-politique français. En un mois, il donne l’impression qu’il est là depuis un an. Tout semble lui réussir, même les dossiers difficiles comme celui de la réforme du Code du travail. Sans être idolâtre et faire partie d’une macromania naissante, on peut constater que le Président est méthodique, communicant, instruit (Universités, Henri IV, Sciences Po Paris, ENA), professionnel (banquier d’affaires). On le sait et sur le plan politique il vient avec maestria de chambouler le paysage politique français en le décomposant et en favorisant sa recomposition.

Stratège, il vient par la bouche du Président du Sénat Gérard Larcher d’annoncer la tenue du Congrès le 3 juillet à Versailles au cours duquel il va donner sa vision de ce que l’on peut appeler la nouvelle France. Le Président Macron ne rompt pas avec les Français, Jupiter-Macron est proche de ses ouailles, il parlera avant la déclaration de politique générale d’Edouard Philippe le 4 juillet.

C’est une sorte de message à la Nation, utilisé par Macron comme l’avaient fait avant lui Sarkozy en 2009 et Hollande après les attentats. Macron présidentialise un peu plus sa gouvernance. Certains comme le député Abad, LR, estiment qu’il infériorise Edouard Philippe, ce n’est pas vrai, c’est simplement une pratique nouvelle en termes d’innovation politique que Macron introduit et que l’ancien monde auquel appartient Abad n’a pas l’habitude.

Macron recevra aussi Trump le 14 juillet pour le défilé sur les Champs Elysées en vertu du centenaire de la participation des soldats américains à la première guerre mondiale aux côtés des Français. Le maître des horloges fait coup double : le Congrès et l’invitation de Trump.

Signification politique de la convocation du Congrès à Versailles

Après avoir reçu Poutine à Versailles, Macron s’adresse à la représentation nationale (Assemblée nationale + Sénat) réunie en Congrès pour écouter le discours, non pas de politique générale, mais de vision à long terme du Président Macron. Il est malin, notre Président Macron, son instruction, sa connaissance du terrain politique malgré son jeune âge (39 ans, il faut le rappeler) lui permettent d’imprimer un rapport direct avec les Français.

Macron n’est pas un 'Valls' très peu instruit, académiquement bien entendu, qui avait voulu humilier le Président à l’Assemblée nationale et qui aujourd’hui, grâce à la bienveillance du maître des horloges, n’a pas été éliminé aux législatives et se trouve en errance d’adhésion car il a quitté le Parti Socialiste et se voit contraint d'embrasser la babouche de Macron maître du temps.

Avec le Congrès à Versailles et en quasiment moins de deux mois, Macron envoie un message clair à la société française : 'Jupiter' n’est pas assis sur son 'Olympe' en vous regardant de très loin, mais il est près de vous, il s’adresse à vous par l’intermédiaire de vos représentants. Il déjoue tous les codes institutionnels qui voudraient que le Président parle au Congrès en cas de situation extraordinaire.

Chez Macron, l’extraordinaire devient l’ordinaire. Il modifie la façon de penser la politique à l’ancienne. C’est un stratège, n’oubliez pas que pendant sa campagne il avait souhaité qu’une femme occupât la présidence de l’Assemblée nationale, mais comme il est efficace, il a reconnu en De Rugy celui qui pouvait faire l’affaire. De Rugy a été élu Président de l’Assemblée nationale et il est d’accord avec Larcher pour que le Président tienne son Congrès à Versailles. C'est drôle dans ce pays de considérer que l'ancien Premier Ministre soit humilié par le nouveau Président en respectant simplement la Constitution.

La venue de Trump pour le 14 juillet

Le Président Trump est considéré comme infréquentable en France et on ne comprend pas très bien pourquoi le Président Macron l’invite.

Dans une approche communicationnelle et politique, Macron poursuit deux objectifs.

Il montre que sa victoire politique internationale lors du serrage des mains avec Trump ne fait pas du Président Macron un grand leader mondial mais un leader qui compte. Il évite de faire perdre la face au Président Trump, il est bienveillant avec lui même s’il est très critique sur la sortie de Trump de l’accord de Paris (COP21). Entre-temps Macron a organisé à la Sorbonne une rencontre avec l’ancien secrétaire des Nations Unies Ban Ki Moon, pour affirmer qu’il reprenait le flambeau dans le domaine climatique.

En recevant le Président Trump le 14 juillet, il consolide la relation historique entre les Etats Unis et la France (première et seconde guerres mondiales) et il montre que le marché français est ouvert aux investisseurs américains et que les fâcheries et les incompréhension entre Américains et Français ne sont que de court terme, seul compte le long terme.