Il est clair que le but de ces lignes n’est pas de remettre en cause le système démocratique en tant que tel. Dans tout autre charmant régime, il n’y aurait pas eu de critique de toute manière. Je tiens à préciser que je n'émets de jugement que sur une forme particulière du système tel qu'il est exploité de nos jours dans notre pays (N.B: la démocratie n'implique pas forcément le vote). Mais commençons par aborder le premier point: la dimension passionnelle de la démocratie.

Le discours pour acquérir le pouvoir

Il est en effet amusant de remarquer que l’art oratoire (car par passion j’entends le siamois dichotomique de la raison) est une composante majeure, sinon essentielle, de ce système.

Du moins si l’on considère le peuple comme une masse à convaincre. C’est ainsi une erreur effectuée : par moi-même par fainéantise intellectuelle, et par certains influenceurs par souci de simplification stratégique. J’utilise ici le terme d’influenceurs pour vous signifier ma vision de la chose, qui tient plus du marketing que de la véritable consultation des citoyens propres à nos chers athéniens. Je prendrais un exemple simple : celui de notre président actuel. Car oui, qui de mieux pour susciter l’adhésion de millions de votants qu’un homme si doué pour l’art de porter le masque qu’il en a épousé sa professeure. L’élève dépasse la maîtresse, si vous m’en permettez le jeu de mot. Mais, enfin, j’aimerais pointer du doigt une déficience du peuple, qui semble inspirer les manipulations que l’on évoquât.

Le dèmos manipulable par essence ?

J’entends que la nature humaine rend l’individu intelligent mais la masse influencée. Il faut d'ailleurs bien influence pour qu’il y ait masse ; Pascal déclarait à ce propos : « la multitude sans unité est confusion, l’unité sans multitude est tyrannie ». Laissons là l’aphorisme spirituel de notre philosophe et penchons-nous sur une interprétation contemporaine : les citoyens se rassemblent pour le président, qui dépend ipso facto de ces derniers.

Remémorons-nous que parmi les penseurs grecs que nous citions plus tôt, il y avait nombre de réticents concernant la question démocratique, Socrate le premier. Néanmoins, 2417 ans plus tard, les sophistes dirigent le monde à coup de publicité, d’auras auto-proclamées et de mythologies abracadabrantesques.

Le vote ou l'appelle à voter

En effet, la recherche d'électeurs à aliéner semble être devenue la priorité première de nos dirigeants. Il m'est d'ailleurs venu à l'idée que le fameux problème du chômage ne sera résolu que lorsque ces pauvres diables constitueront une majorité de votants. Seulement, avec une abstention qui atteint aujourd'hui près de la moitié du collège électoral, la cible stratégique s'est considérablement restreinte. Il suffirait donc pour gagner une élection: de prétendre incarner un quelconque renouveau, de marteler cette idée adroitement avec une communication massive et fallacieuse, et enfin de conclure en beauté en débattant avec un adversaire dont il était clair qu'il ne voulait gouverner.

Mais alors, que faire ? Et bien, Machiavel optait pour une forme de gouvernance héréditaire. Honnêtement, je ne sais pas si ce concept est applicable dans notre monde contemporain. Néanmoins, cela nous éviterait le spectacle désobligeant qui met régulièrement en compétition, pour une fonction suprême, des individus ridicules aux attraits contrefaits.