La France est un pays bizarre et nous, ses citoyens, avec. Nous voulons tout et le contraire de tout. Nous avons élu Macron pour faire les réformes. Dans la démocratie d'opinion qui est la notre, les sondages constituent un baromètre pour apprécier l'activisme politique ou non du Président de la République en matière de réformes. Certains journaux, radios et télévisions ont comparé le nombre de satisfaits de la politique de Macron (40%) à celle de François Hollande (54%) et Nicolas Sarkozy (69%). Cette comparaison porte sur la même période entre l'élection et les 100 premiers jours de pouvoir.

Quelle est l'intention cachée des médias et des journalistes? Montrer que Macron, quoiqu'il dise, ne fait pas les réformes nécessaires car il demeure toujours dans l'ancienne politique avec une méthode que les français n'aiment pas: l'autoritarisme. Alexis Corbières, membre influent du parti politique Les Insoumis, a traité Macron de ''social killer'' dans le Libération du vendredi 25 août. Ce n'est pas très sérieux, même si l'opposition mélenchoniste promet un mois de septembre chaud grâce aux contestations et mobilisations dans la rue pour dénoncer la politique économique et sociale de Macron.

Président Macron, résistez car nous sommes un pays qui préfère les acquis sociaux au travail

Macron a été élu pour faire des réformes et pour transformer en profondeur la société française.

Il a commis des erreurs qu'il va corriger car ce n'est pas un autiste politique et, tout Jupiter qu'il est, il sait descendre sur terre pour écouter les humains. Macron doit expliquer simplement sa politique économique et sociale et dire aux français comment il la finance. Il veut à la fois reformer le marché du travail, diminuer les dépenses publiques et les prélèvements (sauf pour la CSG) et favoriser la relance de l'économie.

Ces trois actions ne sont pas forcément complémentaires et séquentielles dans leurs conséquences, même quand elles sont abordées les unes après les autres. Macron doit clarifier sa position en indiquant l'échelle des priorités, les modalités techniques de financement et sa vision du long terme et non par petites cartes postales envoyées à l'opinion.

Les sondages dans une démocratie d'opinion obligent les politiques à traiter de l'éphémère plus que du fond. En imposant la ''sondageocratie'' comme mode de gouvernance politique, on risque de se perdre et de ne pas voir la colonne vertébrale de la politique économique et sociale de Macron. Dans ses déclarations mensuelles qu'il va inaugurer à la rentrée, Macron se doit de clarifier sa politique, sa position, son rapport au temps long et non éphémère de la démocratie d'opinion et des sondages.

Que Macron aide à faire émerger des Ministres et des Députés LREM comme poids lourds dans la démocratie d'opinion

Macron, Jupiter, ne peut pas être ni au four, ni au moulin. En redescendant sur terre, il lui faut désigner des poids lourds politiques qui doivent être investis d'une mission d'explication politique des décisions économiques et sociales.

Madame Pénicaud, Ministre du travail, malgré sa réserve et timidité feintes, doit être le poids lourd sur le plan social. Bruno Le Maire doit l'être sur le plan économique et Darmanin sur le volet fiscal. Le Président doit se réserver la vision politique et stratégique de la politique globale. Le premier Ministre doit être le coordonnateur technique et politique. Les différents Ministres doivent apporter de façon permanente une touche technique expliquée simplement aux populations. Castaner, le porte-parole qui fait bien son travail, doit, en plus de la double intervention mensuelle du Président, se réserver un temps long dans le mois pour expliquer les décisions gouvernementales. A l'Assemblée, les députés LREM ne sont pas encore aguerris à la joute oratoire à la façon de Mélenchon, mais ils doivent très vite apprendre et devenir spécialistes, qui des questions économiques, qui des questions sociales, qui des questions culturelles etc., pour représenter la politique gouvernementale dans les médias.

Il ne s'agit pas de saturer l'espace médiatique, mais de construire un rapport organisé aux faiseurs d'opinions que sont les journalistes, les chaînes de télévision et les radios. Au-delà de cette organisation méthodique à faire exister, il faut que le Président Macron tienne bon sur les réformes futures et sur sa capacité à transformer la société française. Si Macron recule sur la réforme du code du travail, son quinquennat peut être considéré comme mort par avance et il risque d'en subir les conséquences pour les autres réformes qui ne manqueront pas de faire couler beaucoup d'encre, comme celles du régime unique portant sur les retraites, de l'assurance chômage ou de l'apprentissage.