Le "business" de la dépendance est en plein essor. Nous comptons un nombre croissant de personnes âgées dépendantes. Rester chez soi devient un problème. Ce marché est devenu très lucratif et suscite beaucoup d'intérêt. Souvent au détriment du but premier de ces maisons de retraite: l'humain.

Une fin de vie déplorable

En tant que professionnel de santé, je suis en colère des moyens mis en œuvre pour la prise en charge de la personne dépendante. Nous n'avons pas le temps de prodiguer des soins de qualité. Le manque d'effectif tue le métier. Nos "anciens" sont devenus des bouts de viande que l'on lave et gave rapidement pour passer aux suivants.

On peut parler de maltraitance. Les journées sont une course contre la montre. Il n'y a plus de place pour discuter avec ces personnes qui ont, pourtant, besoin de contact humain.

D'ordinaire, chacun aime se laver une fois par jour. Ici, ce n'est pas possible. Une douche par semaine maximum. Le résultat est alarmant et dégradant. La plupart des résidents dépendants d'une maison de retraite sentent mauvais. Un mélange d'urine concentrée et de selles. Certains restent dans leur "jus" plusieurs heures voire une journée entière. Comment peuvent-ils se sentir considérés en tant que personne face à cette prise en charge ? Finir "salement" sa vie est devenu banal.

Dangereuse rentabilité

Les maisons de retraite sont des entreprises gérées par des dirigeants n'ayant aucune qualification dans le secteur paramédical.

Ils n'ont pas une image réelle de l'activité. Par contre, le département facturation est d'une efficacité redoutable. Le tarif mensuel peut avoisiner les 3000 euros par mois dans certains cas, pour des prestations médiocres.

De plus, il y a de moins en moins de personnes qualifiées pour intervenir auprès de cette population âgée.

Tout ceci dans un but de réduction des coûts. Banaliser ces professions est une erreur monumentale. Dans certains établissements, les repas servis (et expédiés rapidement) sont d'une qualité honteuse avec des produits "low cost". Un simple plat de pâtes peut être un désastre.

Le constat est sans appel. Les EHPAD sont le dernier endroit au monde où il faut passer ses vieux jours.

La productivité et la performance ont remplacé l'accompagnement et l'humanité. Cette politique s'applique dans quasiment toutes les structures. Le système doit être revu complètement pour une meilleure qualité de fin de vie. Une nouvelle loi ? Comment être un domaine attractif pour les futurs professionnels de santé avec de telles conditions de travail ? A cause de cette gestion scandaleuse, je n'aime plus mon métier. Merci.