En France, le décompte macabre des victimes de féminicides au cours de cette année 2019 n’est pas une fatalité car si la société le veut, un coup de frein peut y être apporté. L’adage le dit bien : "Là, où il y a de la volonté, il y a toujours un chemin". Ce proverbe permet de dire que l’extension du fléau des féminicides durant cette année 2019 en France a été apparemment rendu possible par un désintérêt venant de la société française. La question à se poser est donc la suivante: pourquoi un tel désintérêt ? C’est ce que nous allons essayer de comprendre.
Tout d’abord, rappelons qu’en matière d’action sociale, il faut que l’intérêt général soit en jeu. A défaut d’intérêt général, la société se mobilise rarement. Dit autrement, la société ne se mobilise pas pour la défense des intérêts privés sauf dans des cas extrêmes. C’est justement le cas des féminicides qui caractérisent les assassinats et meurtres perpétrés sur une ou plusieurs Femmes. Seulement voilà, malgré leur caractère extrême, les féminicides tels que connaît la France ne sont pas une extermination de masse. Cela expliquerait-il l’insouciance de la société française devant les féminicides ?
De plus, l’action sociale repose sur des motivations à la fois individuelles et collectives.
Ceci revient à dire que les agents sociaux défendent toujours, soient des intérêts individuels, soient des intérêts collectifs. Dans le cas des féminicides, apparemment, ils ne représentent pas des intérêts individuels, ni des intérêts collectifs pour la société. Personne ne gagne de profit dans un féminicide.
Le féminicide ne fait pas l’objet parties des préoccupations bancaires.
Le féminicide ne génère aucun profit financier, ni même aucun profit matériel. C’est 'simplement' une femme qui meurt, une de moins dans les charges de la société, une de moins dans les charges de l’État.
Alors, se mobiliser contre le féminicide qui ne rapporte rien, le jeu en vaut-il la chandelle ?
En bref, le féminicide est un fléau dévastateur pour les familles des victimes.
Il devrait l’être pour la société qui perd un membre de la manière la plus brutale et la plus injuste. C’est peut-être l’occasion de rappeler le processus d’extension des fléaux et en profiter pour dire aux uns et aux autres qu’au fond, nul n’est épargné par le féminicide.
Historiquement, les grands fléaux débutent toujours dans l’indifférence générale
L’expérience a plusieurs fois démontré que les fléaux qui l’emportent sur l’humanité ont toujours bénéficié de l’indifférence générale dès le départ. Ainsi, à la survenue du dit 'fléau', la réaction sociale obéit à une tendance étrange s’assimilant au désintéressement. Cette tendance au manque d'intérêt s’explique premièrement par le fait que les agents sociaux ne manifestent aucune inquiétude face au fléau naissant, trouvant que ses effets sont dérisoires pour mériter une grande attention.
Une fois les effets du fléau minorés, la négligence du fléau s’installe, et avec elle, l’inappétence pour tout sujet relatif à ce fléau. On attend alors que le nombre des victimes croisse, augmente jusqu’à atteindre un niveau intolérable, et c’est seulement là, que l’on sort de sa léthargie, en décidant enfin de combattre l’ignominie. Le plus souvent, c’est que les dégâts causés sont parfois irréparables. Ainsi en va-t-il du féminicide.
Dans un second temps, l’expérience passée a démontré que si les fléaux prospèrent, c’est parce que très souvent, à l’apparition des premiers signes du désastre, les agents sociaux se montrent impassibles car ils ne se sentent pas concernés au départ. Ces crimes ne menaçant pas leurs intérêts directs et indirects, ni ne touchant leurs proches, leur fait alors penser qu’ils sont à l’abri.
Leur vie n’étant pas menacée, la vie de leurs proches n’étant pas menacée, ils pensent qu’il ne vaut pas la peine de penser à un tel fléau. Or, en agissant ainsi, leur impassibilité aidant, le fléau a le temps de mûrir, de tisser sa toile dans la société et de se propager par ses effets néfastes. Que faut-il entendre par là ? Si un fléau ne représente pas une menace réelle et sérieuse pour les intérêts individuels ou les intérêts collectifs, ce genre d'actions peuvent bénéficier d’une omerta qui leur déroule le tapis rouge pour le déploiement de ses effets néfastes. Le cas des féminicides semble aller dans ce sens.
Le féminicide n’épargne personne, toutes et tous, nous sommes des victimes en sursis
A vrai dire, le féminicide n’épargne personne. Demain, c’est peut-être vous la prochaine victime du féminicide. En tant qu’épouse, conjointe, vous pouvez mourir de coups de votre époux, de votre conjoint. En tant que sœur et frère, vous aurez sans doute à pleurer votre sœur du fait du féminicide. En tant que grands-parents, vous pourriez faire face à un douloureux deuil dû au féminicide de votre petite-fille. En tant que tante et oncle, votre nièce peut être une malheureuse victime de féminicide. En tant que cousin et cousine, ne pensez surtout pas que pour votre cousine, le féminicide ne peut jamais arriver et que ce serait une illusion d’y penser.
En tant qu’ami(e), copain et copine, votre camarade n’est pas vaccinée contre le féminicide. En tant que voisin/voisine ou simple connaissance, votre connaissance peut mourir de féminicide. En tant que collègue de travail, un matin, vous risquez d’arriver au bureau ou sur votre lieu de travail et constater un vide imputable au féminicide de votre collègue de service. Aussi, la fille de meilleure ami(e) peut soudainement disparaître du fait du féminicide….
Que faut-il ajouter ?
Ce fléau qui s’aggrave en France doit interpeller tout le monde car chacun de nous est une proie potentielle. Face au féminicide, chacun a un rôle à jouer à son niveau. Nous pouvons réduire le dangereux fléau du féminicide.
Si la société française le veut, elle peut éradiquer le féminicide. Sachant que tous les fléaux ne prospèrent que là où ils sont laissés libres, c’est dans l’urgence qu’il convient de se lever, toutes et tous, à la manière d’une seule personne pour dire : NON AU FÉMINICIDE !