Vainqueurs en PL, FA Cup et C1, les Citizens ont ébloui le Monde du Football cette saison. Un triplé devenu réalité par la volonté des joueurs du coach, des fans et aussi de la direction du club. Les joueurs de Manchester City ont admirablement bouclé une énorme saison 2022 - 2023 avec la première Ligue des Champions de leur histoire. Mais plusieurs éléments de fond défigurent cette image étincelante et la situation n'est pas aussi exaltante dans les coulisses de l'Etihad Stadium.

City a fait souvent la Une de la presse sportive notamment depuis le rachat du club en 2008 par les nouveaux propriétaires Émiratis.

En cause, des enquêtes judiciaires sur des accusations d'infractions des règles du fair-play financier pour la période 2009 - 2018. Le verdict n'est pas encore tombé. Mais si les soupçons s'avèrent fondés, les sanctions peuvent être lourdes. La gouvernance du club est également mise en cause. On reproche à Manchester City d'avoir dépensé sans compter depuis 2008 pour atteindre le toit de l'Europe. La gouvernance de la Haute Hiérarchie du club anglais est également critiquée par les clubs rivaux, les analystes et les observateurs du Monde du Foot.

Une situation inconfortable

En 2020, l'UEFA avait exclu Manchester City des compétitions européennes pour avoir enfreint les règles du fair-play financier et d'entrave à une enquête judiciaire.

Le TAS saisi avait blanchi le club avec une réduction du montant de l'amende initiale de 30 à 10 M€. Trois années plus tard en février 2023, la Premier League accuse de nouveau City de mauvaise gestion financière. La Ligue des Champions a enquêté durant quatre ans sur la période 2009-2018 mettant en avant de nombreux manquements relatifs notamment au salaire du coach Roberto Mancini ainsi qu'aux transferts de joueurs.

Le dossier a été finalement confié à une commission indépendante. Le verdict n'est pas encore tombé. À noter, que sur le plan procédural, la réglementation de la Ligue des Champions en la matière est totalement différente de celle de l'UEFA. D'après RMC, Kieran Maguire, expert financier du football, à déclaré sur le sujet à Sky Sports : "La principale différence entre la Premier League et l'UEFA est que l'UEFA a un délai de prescription, ce qui limite la disponibilité des preuves à cinq ans".

"La Premier League n'a pas cela. L'UEFA a des règles concernant l'origine des preuves et elles ne peuvent pas provenir de sources illégales. En Premier League, la source des données et des preuves n'est pas pertinente en ce qui les concerne. Je soupçonne que certaines des preuves qui seront présentées par la Premier League à la commission indépendante proviendront des Football Leaks, de Der Spiegel et du pirate informatique portugais, car elles étaient assez complètes", a encore souligné l'expert. L'éventail des sanctions qui pèsent sur le club est très large : élimination du Championnat national, déductions de points, annulation de matchs joués et indemnisations.

Guardiola inamovible

Sur le plan sportif, City a remporté cinq titres pour ces six dernières saisons avec Pep Guardiola.

Le tout Citizen est satisfait du rendement du coach catalan qui a joué un rôle central dans la reconnexion des fans avec leur équipe et le retour du club en Ligue des Champions. Un style et une rigueur qui ont convaincu. L'entraîneur espagnol ne compte pas quitter les Skyblues de sitôt. Pep Guardiola a prolongé son contrat jusqu'en 2025.

Interrogé par Titan Sport sur la performance de son ancien manager, Lionel Messi a notamment déclaré : " Je suis ravi de ce qu'il a accompli, de la dernière victoire en Ligue des Champions, c'est le meilleur entraîneur du monde, même si pour moi, il n'a pas besoin de gagner à nouveau cette Ligue des Champions pour le prouver. "Selon Foot11, Pep Guardiola restera à City non seulement la saison prochaine, mais également celle d'après et ira j'usqu'au bout de son contrat.

Guardiola, bien ancré maintenant à Manchester avec la direction Emirati, va tout faire pour satisfaire son ego et être le plus grand et de réaliser à City ce qu'il n'a pas pu effectuer à Barcelone.

Le football instrumentalisé

Manchester City appartient au City Football Club. L'Abu Dhabi United Group (ABUG) y est majoritaire à concurrence de 78 %. Le reste des actions est détenu par China Media Capital (12 %) et Silver Lake Partners (10 %). Khaldoon Al Mubarak est le président du City Football Group.

Selon plusieurs observateurs, Abu Dhabi investit dans le football pour diversifier son économie, mais surtout pour renforcer sa réputation dans le Monde occidental dans le but d'améliorer son image. Une pratique de Sportswashing à connotation stratégique qui permet au petit Emirat du Golfe Persique de devenir un des acteurs majeurs du sport international.

Selon certains avis, les joueurs, les managers, les supporters et les médias seraient manipulés et instrumentalisés à ces fins géopolitiques. À l'image de l'acquisition du Paris Saint-Germain par le Qatar, de son organisation de la Coupe du monde en 2022 et de sa volonté dernièrement de racheter Manchester United.

Avec le Qatar et les Émirats, disposant également de moyens financiers illimités, l'Arabie Saoudite est aussi entrée sur la scène sportive internationale avec une main mise progressive sur le golf professionnel et l'achat de Newcastle United en 2021.

Une position dominante

Les liens de l'ADUG avec le gouvernement émirati et la présence de l'Émir et président des Émirats Arabes Unis Mohamed bin Zayed Al Nahyan lors de la finale de la Ligue des Champions ce 10 juin à Istanbul aux côtés du Cheikh Mansour et du président du club Khaldoon Al Mubarak est certainement une preuve de l'importance de ces enjeux géopolitiques dans la perception des dirigeants d'Abu Dhabi. La position du football dans le Monde en 2023 a beaucoup changé en atteste le parcours de Manchester City depuis la chute en troisième division anglaise en 1999 jusqu'à la victoire du samedi dernier.

Constituer une équipe de très haut niveau et réaliser les plus grands exploits est beaucoup plus aisé quand les grands moyens financiers sont disponibles. Mais ces inégalités structurelles selon plusieurs observateurs favorisent les clubs les plus chanceux aux dépens du reste.

Les plus nantis sont souvent les plus performants et s'accaparent les grands revenus de diffusion, de primes et de sponsoring, consolidant ainsi un cercle vicieux et aggravant la fracture entre les équipes. Une position dominante de certains clubs que n'arriveront jamais à atteindre les rivaux. Le sport et le foot désormais au service de nouveaux idéaux et de nouvelles convictions. Les fans de City qui ont allumé de joie et de bonheur le Stade Attaturk d'Istanbul le samedi 10 juin ne se soucient guère de ces aspects. Ils se considèrent récompensés pour leur fidélité au club de leur cœur. Et cette perception est tout à fait légitime.