La discussion de mercredi soir sur le plateau télévisé de France 2 était franche mais courtoise. Les deux candidats en ont profité pour souligner leurs divergences et se chercher mutuellement des contradictions. Plusieurs sujets ont animé ce débat, avec une première phase plutôt longue dédiée à l'applicabilité du revenu universel d'existence, une autre sur la laïcité, puis une sur l'écologie et la défense.

Revenu universel

Alors que les journalistes harcelaient Benoît Hamon pour savoir comment financer cette mesure, qui finirait par s'élever à 450 milliards d'euros, ce dernier a plutôt tenu à rappeler la nécessité de ce nouveau pilier de la sécurité sociale.

Il se base sur un constat simple : au moins 10% des emplois pourraient disparaître à raison de la révolution numérique. C'est une formidable opportunité pour l'époque moderne, mais elle doit s'accompagner comme il se doit d'un filet de sécurité important que serait ce revenu universel. C'est à ce sujet que Manuel Valls se démarque de son adversaire, car lui pense que effectivement que la révolution numérique est en cours, mais pas qu'elle menace les emplois. Au contraire, selon lui elle pourrait même en créer. De ce fait, il accuse Benoît Hamon d'abdiquer devant le constat de l'échec du quinquennat de François Hollande sur le chômage, et de le voir comme une fatalité.

Cependant, les dires de Benoît Hamon sont justifiés par des études produites par des experts et des économistes.

Thomas Piketty, par exemple, a été l'un des premiers à penser le revenu universel comme un moyen de nous protéger de la vague de licenciements qui surviendra à court terme à cause de la révolution numérique. Donc ce projet s'appuie sur des rapports très sérieux, et contredit la foi qui a toujours été la nôtre en une croissance sans limite et un plein-emploi constant.

Laïcité

L'ancien Premier ministre souhaite inscrire dans la Constitution la loi de 1905, qui prononçait la séparation de l'Eglise et de l'Etat. En d'autres termes, il envisage de faire de la laïcité un outil dirigé contre les manifestations extérieures de toute forme de religion, et plus particulièrement de la religion musulmane.

Il l'appréhende d'une manière restrictive, et assume les choix qui ont été les siens d'appuyer arrêtés municipaux, notamment sur l'affaire du burkini.

C'était l'occasion pour Benoît Hamon de se défendre des attaques injustifiées de Malek Boutih, l'un des lieutenants de Valls et ancien président de SOS Racisme, qui affirmait caricaturalement que ce dernier était un islamo-gauchiste, voire le candidat des Frères musulmans. Selon Benoît Hamon, la laïcité, dans la loi de 1905, devait être envisagée dans son aspect le plus libéral, autrement dit comme le droit de tous de pouvoir vivre sa religion sans être inquiété. De toute manière, il a condamné le fait que ce soit un mot qui chante plus qu'il ne parle, reprenant des vers de Paul Valéry.

Enfin, il a même cité le chef de l'Etat, François Hollande, qui, il y a encore quelques années, affirmait : "La laïcité n'est pas la religion de ceux qui n'ont pas de religion."

Etat d'urgence

Benoît Hamon a été attaqué par Manuel Valls sur le fait qu'il n'avait pas voté la prolongation de l'état d'urgence. Mais ce dernier assume parfaitement son choix, indiquant qu'il n'est pas efficace, superfétatoire, il suffit de voir les attentats qui se sont produits lors de l'état d'urgence, et qu'en plus il mine le moral des policiers, qui ont encore plus de travail en permanence.

Défense

Benoît Hamon souhaite construire un porte-avions supplémentaire : en effet, il faut près de 15 ans pour construire un tel engin, et le seul porte-avions dont nous disposons, le Charles-de-Gaulle, sera hors d'état de servir d'ici 2041.

De plus, il a rappelé que la France était désormais le seul pays de l'Union Européenne à conserver sa capacité de dissuasion nucléaire, et que ce moyen de défense restait essentiel. Il faut répondre au désengagement américain par l'augmentation du budget de la défense.