Depuis plusieurs jours, François et Penelope Fillon sont au coeur de la polémique. Suite à des révélations du Canard Enchaîné, l'épouse du favori à l'élection présidentielle de Mai prochain est soupçonnée d'avoir occupé un emploi fictif d'assistante parlementaire durant près de 5 ans, de 1998 à 2002, puis en 2012. En pleine campagne électorale, l'information risque de faire tâche d'encre... indélébile.
Immédiatement invité à s'exprimer au Journal de 20 Heures de TF1, François Fillon a, bien entendu, défendu son épouse bec et ongles : "Mon épouse est remarquable, elle est exceptionnelle, vous n'imaginez pas à quel point elle souffre qu'on puisse penser qu'elle n'a pas respecté les règles.
Je la défendrai, je l'aime et je la protégerai, et je dis à tous ceux qui voudront s'en prendre à elle qu'ils me trouveront en face". Les journalistes n'ont qu'à bien se tenir ! Mais ça n'empêche pas certains d'aller plus loin dans leur enquête. Comme la révélation des 100.000 Euros que Penelope Fillon aurait reçus en écrivant des chroniques littéraires pour "La Revue des Deux Mondes" en 2012 et 2013.
Michel Crépu, alors directeur de la publication du magazine, s'en souvient encore, comme il le raconte dans Le Monde : "Un après-midi, Marc Ladreit de Lacharrière m'a appelé et m'a dit : 'Penelope Fillon s'ennuie. Pourrait-elle critiquer quelques livres ?'" Interrogé par Marianne, il ajoute : "Je n'ai jamais eu affaire à elle, ni physiquement, ni au téléphone, ni même par email. (...) Cela peut arriver qu'on écrive à distance, le problème c'est le travail qui a été fait…".
En effet, 'Le Monde' n'a retrouvé que deux articles signés Penelope Fillon (2.500 caractères pour le premier, à peine 1.000 pour le second), et ce sont ces deux petits travaux qui lui auraient rapporté 100.000 Euros. Une somme à ajouter aux 500.000 Euros que son poste d'assistante parlementaire lui aurait également permis de toucher.
De son côté, Marc Ladreit de Lacharrière, le patron de la holding détentrice de La Revue, préfère évoquer une activité parallèle de consulting stratégique qu'aurait exercée Penelope Fillon auprès de la direction du magazine, mais sans qu'aucune preuve ne puisse être produite à ce sujet. Marc Crépu affirme même ne pas avoir été mis au courant de la création de ce poste à l'époque.
Les Républicains dans l'embarras à cause de Penelope Fillon
Du côté des Républicains, le parti de François Fillon, l'artillerie médiatique complète a été sortie des placards, mais les ratés s'enchaînent depuis l'annonce choc du Canard Enchaîné et l'ouverture d'une enquête par le parquet financier pour "détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et recel de ces délits". Au sein du parti, personne ne semblait être au courant que Penelope Fillon travaillait pour son époux. Elle-même a d'ailleurs toujours souligné le fait qu'elle ne s'intéressait pas aux affaires politiques.
Sur France 5, Valérie Boyer (LR) a ajouté que les fils de François Fillon avaient également déjà été engagés par leur père.
Mais la porte-parole du candidat à la présidentielle s'est-elle trahie en ajoutant : "Oui, mais pour des activités réalisées" ? Quant aux cadres des Républicains, ils préfèrent rester silencieux. Eric Ciotti est l'un des seuls à qualifier son candidat d'homme "de vérité". De son côté, la journaliste Christine Kelly, biographe de l'ancien Premier Ministre, s'est retrouvée malgré elle convoquée par la Police, mais elle clame son ignorance la plus totale : "J'ai fait une bio sur François Fillon, pas sur elle !", se défend-elle sur Twitter.
Enfin, à l'Assemblée Nationale, c'est aussi le branle-bas de combat. Selon BFM, une dizaine de députés auraient contacté la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique afin de faire modifier le nom de leurs collaborateurs ! En effet, le cas de François Fillon n'est peut-être pas si isolé ; selon une enquête de Mediapart, 115 élus du Palais Bourbon (sur 577) emploient un membre de leur famille.