Évincé de la primaire de la gauche, Gérard Filoche prend acte de la décision du juge des référés qui lui coupe la voie d'un éventuel recours supplémentaire. Aussi fait-il à présent des offres de service aux candidats lui semblant compatibles avec pour ambition de ''sanctionner le bilan du quinquennat''. "Je suis prêt, cher Arnaud, cher Benoît, à faire campagne avec vous pour battre Manuel Valls'', conclut-il dans une lettre ouverte à ses deux ex-concurrents.

Sous conditions

Mais bien sûr, il met des conditions à son ralliement, à savoir qu'Arnaud Montebourg et Benoît Hamon apportent des précisions sur divers points du programme qu'il avait soutenu.

Soit ''la hausse des salaires et la façon de prendre sur les dividendes (qui n’ont jamais été aussi élevés) ; la façon dont vous envisagez l’abrogation de la loi El Khomri ; la façon dont vous comptez tous deux proposer en cas de victoire, dès le 30 janvier un programme de gouvernement commun à Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, car nous le savons, sans dynamique unitaire la gauche sera écartée le 23 avril à 20 h ; les initiatives que vous comptez prendre pour parvenir à une candidature unique sur la base d’une plateforme commune afin d’aborder au mieux non seulement la présidentielle mais aussi les législatives...". Rien que cela. C'est relativement minimal dans la mesure où Gérard Filoche préconisait un salaire minimum à 1 800 euros, une durée du travail à 32 heures, le retour à la retraite à 60 ans, le plafonnement des très hauts salaires et cetera.

Dont des mesures que les actuels ou passés locataires de Bercy n'auraient jamais acceptés. Tenez, Christine Pirès-Beaune, députée PS, voulait intégrer pour partie la détention d'œuvres d'art dans l'impôt sur la fortune, la restitution du crédit d'impôt au titre du Cice (encouragement à la recherche) pour les entreprises restant bénéficiaires et n'en licenciant pas moins.

Ces deux amendements ont été repoussés avec l'appui de fait des parlementaires partisans de Montebourg ou Hamon qui se sont soit abstenus, soit on voté contre ses textes.

Que le mieux placé

''Nous souhaitons que cette bataille pour battre Valls et mettre le social au cœur soit le fait d’un rassemblement large afin que (...) le renouveau socialiste l’emporte et que le mieux placé de vous deux gagne la bataille face à Manuel Valls et son bilan antisocial.'' L'ennui est que battre Manuel Valls, cela semble mal parti.

Hamon et Montebourg rassemblés cumulent certes quelques points d'intentions de votes de plus que l'ex-Premier ministre, mais au second tour, en dépit des reports de voix des partisans de Filoche ou de Marie-Noëlle Lieneman, ni l'un, ni l'autre ne semblent en mesure de renverser la tendance. Quant à la perspective de voir Yannick Jadot ou Jean-Luc Mélenchon se rallier à Montebourg ou à Hamon, elle semble fort illusoire. En fait, même si Démocratie et Socialisme (Filoche) et les partisans de Lieneman se déterminaient, dès le premier tour, soit pour Montebourg, soit pour Hamon, aucun des deux ne semble en mesure de franchir l'étape. C'est peut-être aussi pourquoi Gérard Filoche s'adresse aux deux à la fois.

Et il a peut-être fait un faux pas. Car Arnaud Montebourg lui a répondu (et Challenges a répercuté) en s'en prenant certes à Manuel Valls, mais aussi à Benoît Hamon et son ''acceptation fataliste du chômage de gauche'' du fait de l'irréalisme (qui se vérifiera ou non en Finlande et au Canada) que constitue l'instauration d'un revenu universel. Quant à Benoît Hamon, il a préféré se dire prêt à discuter avec Emmanuel Macron ou Jean-Luc Mélenchon. C'est dire le cas qu'il fait de Gérard Filoche et de sa proposition. Et il se dit tout autant prêt à soutenir le vainqueur du second tour, quel qu'il soit (donc, Manuel Valls inclus).

Mélenchon vs Macron

Quant à Jean-Luc Mélenchon, il estime dans Le Monde que le candidat du PS ferait mieux de se retirer tout de suite et de se rallier à son flambeau, car le seul choix de l'électorat de gauche, c'est lui ou Macron.