Me Antonin Levy, pour François Fillon, a remis des documents au parquet financier et s’est déclaré ‘’très confiant’’ à l’issue de sa rencontre avec des magistrats. Lesquels ont par ailleurs fait savoir qu’ils n’avaient pas plus agi dans la précipitation que dans trois autres précédentes affaires révélées par la presse. Bruno Retailleau (LR) a considéré que ‘’cette affaire fera pschitt’’ (comme celle des frais de bouche de J. Chirac à la mairie de Paris). Il est surtout relevé que Le Canard se serait livré à une sorte de machination, parfois imputée ‘’aux sarkozystes’’, à Rachida Dati, parfois à d’autres, pour torpiller la candidature Fillon dans l’urgence.

Il semblerait que le ''palmipède'' aurait pris le temps de se livrer à des vérifications et recoupements. Ce serait ‘’en s’intéressant aux revenus de l’ancien Premier ministre et à sa société, 2FConseil’’ dont il est l’unique salarié, que l’hebdomadaire serait ‘’tombé sur les feuilles de paie de Pénélope’’. C’est fin novembre que l’article sur 2FConseil est paru, et ‘’ces Messieurs’’ (du Canard) ont peut-être retardé la parution de leur enquête, attendant une semaine plus ‘’creuse’’ et se donnant le temps d’effectuer des recoupements, de se livrer à du travail d’archives, d’obtenir des réponses nécessitant des relances. Rappelons aussi que Jeanne Robinson-Behre, assistante parlementaire déclarée de François Fillon, n’a connu Penelope Fillon que ‘’comme femme de ministre’’.

Ce qui semble probable, c’est que les documents remis au parquet seront expertisés (ancienneté du papier, fraîcheur de l’encre, &c.). On peut tout à fait cependant admettre que pour préserver une image de famille très traditionnelle, Penelope Fillon ait vraiment agi dans l’ombre en soutien du travail parlementaire de son époux.

En revanche, le montant de ses rémunérations, tant pour le travail législatif que pour La Revue des Deux Mondes laisse… circonspect. C’est plus qu’insolite. Mais l’essentiel réside-t-il dans les faits ou dans ses répercussions multiples ?

Centristes en embuscade

François Bayrou a été interrogé par Le Parisien sur ses intentions à la suite de la sortie de son livre, Résolution française (L’Observatoire éds).

Il se réserve jusqu’à la mi-février pour se prononcer sur sa (non-)candidature. Il se serait dit sobrement ‘’sous le choc’’ à la suite de l’enquête du Canard. En revanche, le Centre de recherche et d’étude du centrisme (Crec) publie un article ‘’d’un journaliste proche des idées centristes’’. Il ne se préserve pas de rappeler l’affaire Jouyet (Jean-Pierre Jouyet, secrétaire général de l’Élysée, rencontré par François Fillon pour évoquer Nicolas Sarkozy) après avoir décoché que, lui-même, tout comme ‘’la plupart des collaborateurs’’ du candidat LR, ‘’n’a jamais vu l’attachée parlementaire Penelope Fillon’’. Visiblement séduit par la candidature d’Emmanuel Macron (qui recrute même dans les rangs LR à présent), ce J.-F.

Bourrou (un pseudo) conclut que l’honnêteté de F. Fillon ‘’a plutôt à être démontrée que le contraire’’. Divers journalistes parlementaires (ou séanciers) mais aussi des attaché.e.s, dont Jean-François Cassant, syndicaliste de l’Union des collaborateurs parlementaires (USCP), veut bien admettre que Pénélope Fillon ait pu très majoritairement travailler dans la Sarthe. Mais ‘’si l’emploi n’est pas fictif, le salaire l’est’’. Le reliquat de l’allocation servait à rétribuer, environ mille euros chacun, deux assistants, obligés de travailler à mi-temps en cabinet ministériel ou ‘’auprès d’un sénateur’’. Les centristes, qu’ils soient ou non en accord ou désaccord avec Jean-Christophe Lagarde, de l’UDI, ne peuvent se permettre d’attaquer frontalement F.

Fillon sur ce dossier. Mais ils se tiennent en embuscade. En fait, ils examinent les répercussions de cette bombe dans l’électorat du candidat LR. L’explosion est forte, et un publicitaire du Var a même mobilisé un panneau pour y placer la phrase ‘’M. Fillon, imagine-t-on Yvonne salariée du Gal de Gaulle ?’’.