Dimanche soir, au siège du Parti Socialiste, rue de Solférino, les sympathisants étaient en liesse devant la dernière poignée de main entre Benoît Hamon et Manuel Valls. Mais, alors que l'ancien frondeur l'a emporté avec près de 60% des voix, déjà les autres mouvements de gauche interprétaient les résultats de ce second tour à leur avantage. En temps normal, l'inverse était censé se produire. En effet, durant toute cette campagne des primaires, Benoît Hamon avait promis de rassembler la gauche de Jean-Luc Mélenchon en passant par Yannick Jadot.

Or, depuis hier soir, ce sont plutôt ces deux hommes qui tentent de récupérer les électeurs qui avaient voté Benoît Hamon au premier ou au second tour, en arguant que leurs pensées sont proches, mais que seuls eux pourraient rassembler la gauche derrière eux.

Réaction de Mélenchon dimanche soir

D'abord, dans une publication sur Facebook, le candidat de la France Insoumise (φ) a salué le rejet massif de l'ancien Premier ministre par les électeurs. 2 millions de personnes ont voté, avec plus de 58% des votes pour Benoît Hamon, ce qui fait un total de plus de 1.2 million de citoyens ayant soutenu l'ancien frondeur dans la primaire de la gauche, et donc potentiellement plus de 1.2 millions de citoyens prêts à voter pour lui à la présidentielle.

De ce fait, il gagne une légitimité supplémentaire, celle des urnes. Mais Mélenchon a tenu à rappeler que c'est en se battant avec ses idées qu'il a remporté la bataille de la primaire, et a souhaité montrer qu'elles lui étaient exclusives.

"Et on devine que la tendance "dégagiste" de la société va s'amplifier après ce qui sera ressenti comme un succès. Que l'instrument au PS en ait été Benoît Hamon qui a chanté des paroles si proches des nôtres est une source de satisfaction supplémentaire."

Yannick Jadot n'est toujours pas prêt à se désister

Ce matin, sur RMC, interrogé par Jean-Jacques Bourdin sur les conclusions à tirer de ce scrutin, le représentant d'EELV a montré sa sympathie pour les idées écologistes de Benoît Hamon sans pour autant se dire prêt à se retirer en sa faveur.

Ainsi, il a assuré qu'il y aurait "un bulletin Jadot à la présidentielle." Tout comme Mélenchon, il a rappelé que Benoît Hamon avait fondé sa victoire sur des partis pris écologistes similaires aux siens, félicitant ainsi le fait que cette idée gagne du terrain dans le débat politique à gauche. Mais il craint que le phénomène Hamon ne soit qu'un pétard mouillé, le comparant à François Hollande, qui avait montré la même ferveur lors de sa campagne de 2011-2012.

C'est pourquoi il explique qu'il ne s'effacera pas derrière lui, puisque le député des Yvelines refuse de rompre avec le PS, qui est encore au coeur de bien des déceptions aux yeux des Français.

Par ailleurs, il craint que, dans son souhait de rassemblement, l'ancien frondeur ne remodèle trop son projet en le dénaturant, puisqu'il devra également satisfaire la gauche de gouvernement de Valls - un enjeu de 800 000 électeurs dans la primaire. Bref, il est ambitieux de vouloir rassembler la gauche, selon lui, mais si c'est au prix de ses convictions, qui l'ont fait gagner à cette primaire, cela risque d'être compliqué.