Dans quelques heures, des milliers de bureaux de vote ouvriront à travers la France pour le second tour de la Primaire de la gauche qui oppose Benoît Hamon à Manuel Valls. Aile gauche contre aile droite, le combat se reproduit perpétuellement au sein du parti Socialiste. Faisons le point sur les principaux sujets de discordance entre les deux candidats.
Chacun défend tout d'abord un modèle de société différent. Benoit Hamon craint la raréfaction du travail due à la révolution numérique, d'où sa proposition décriée de revenu universel d'existence, mis en place par étapes et d'abord financé par une taxe sur les robots et une refonte de l'impôt sur le patrimoine.
De son côté, Manuel Valls critique le projet de son adversaire, qu'il juge infinançable et irréalisable. Il préfère privilégier la valeur travail en abaissant son coût, en réinstaurant la défiscalisation des heures supplémentaires et en renforçant la formation professionnelle. Il balaie d'un revers de la main le revenu universel, et propose un revenu "décent" sous conditions de ressources.
Autre différence notable, en matière de laïcité. Là où Benoit Hamon défend la liberté de conscience et souhaite la création d'une brigade anti-discriminations (au travail et dans l'espace public), Manuel Valls est pour une laïcité beaucoup plus stricte.
Institutions et sujets de société : deux visions différentes
Là où l'aile gauche du PS souhaite la fondation d'une 6ème République, dotée d'un septennat unique du président de la République, d'une reconnaissance du vote blanc et de l'ajout d'une dose de proportionnelle aux élections législatives, Manuel Valls est pour le statu quo.
Plutôt conservateur sur les sujets sociétaux, il ne propose que l'ouverture d'un débat sur la Procréation Médicalement Assistée (PMA). Beaucoup plus libéral en la matière, Benoit Hamon souhaite la légalisation du cannabis pour en finir avec le trafic et concentrer nos forces de sécurité sur le commerce des drogues dures, et ouvrir la PMA aux femmes seules et aux couples homosexuels.
Sur le nucléaire, les deux candidats souhaitent parvenir progressivement à l'objectif de 50% d'énergie atomique en France d'ici 2025. Mais quand Benoit Hamon souhaite fermer les centrales à risques, Manuel Valls préfère concentrer ses efforts sur la transition énergétique, en commençant par la rénovation thermique des logements.
En matière de fonction publique, les deux socialistes voudraient embaucher 1.000 policiers et gendarmes par an. Mais là où l'aile gauche du parti veut privilégier les peines alternatives à la prison, Manuel Valls y créera 10.000 places supplémentaires. En revanche, ce dernier ne souhaite pas recruter davantage d'enseignants, mais plutôt mieux rémunérer les fonctionnaires de l'Education Nationale.
Benoit Hamon, lui, créera 40.000 postes et un service public du soutien scolaire.
Immigration, Europe : deux approches opposées
Les politiques européennes des deux branches du parti Socialiste sont diamétralement opposées. Benoit Hamon souhaite mettre en place une dette européenne commune, un protectionnisme économique aux frontières de l'Union et un salaire minimum européen. Pour parvenir à cela, il compte sur une alliance des forces de gauche au pouvoir à travers le continent pour peser dans la négociation avec la droite, et surtout l'Allemagne. Quant à Manuel Valls, il souhaite créer un partenariat durable avec le pays d'Angela Merkel, dans une idée de convergence sociale et fiscale. Pour lui, la rigueur budgétaire doit continuer, et l'objectif des 3% du PIB doit absolument être atteint.
Enfin, sur les sujets relatifs à l'immigration, Benoit Hamon défend l'hospitalité française et propose la création d'un visa humanitaire, suivie d'une répartition des migrants dans tous les pays européens. Manuel Valls préfère renforcer les contrôles aux frontières de l'espace Schengen, et continuer à expulser les personnes en situation irrégulière tout en accordant davantage de justice aux réfugiés politiques.