Certes, Europe écologie – Les Verts n'avait pas vraiment offert nettement le choix entre se rallier à Benoît Hamon ou à Jean-Luc Mélenchon à leurs adhérents ou sympathisants ayant participé à la primaire ouverte ayant désigné Yannick Jadot candidat. Il fallait approuver ou non l'accord en dix points passé entre les deux candidats et leurs états-majors. Un appel à voter non avait été lancé mais, ce dimanche, il n'a été que peu suivi. Est-ce en raison d'un assez faible participation (55,24% des inscrits à la primaire) ou pour d'autres raisons. Toujours est-il qu'en cumulant les bulletins nuls (5,08 %) et les "non" (15,39 %), le résultat est plutôt net : 79,53 % pour l'accord.

Électorat volatil

Le vote place les écologistes (enfin, leur plus large partie, car certains ont déjà rejoint France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, ou En Marche ! d'Emmanuel Macron, ainsi de François de Rugy, proche du Parti socialiste, séduit par l'électorat centro-macroniste du tandem Bayrou-Macron en Loire-Atlantique), en soutiens de Benoît Hamon. Car il incarne "une candidature de rupture avec la politique du gouvernement" et la perspective, dérivée de l'adoption "d'une plateforme présidentielle", de présenter des candidats "communs" aux législatives. Mais nombre de sympathisants et même de militants EELV pourront évoluer dans leurs intentions de vote lors des deux tours de la présidentielle.

Ensuite, pour les législatives, en fonction des personnalités se présentant sous étiquettes PS-EELV, France insoumise ou En Marche !, le risque d'une dispersion pourrait être (ou non) important. D'autant que les porte-paroles nationaux (Julien Bayou, candidat à Paris, et Sandra Regol, qui pourrait être tentée par une circonscription alsacienne) appellent "à continuer le dialogue initié avec Jean-Luc Mélenchon".

Sur sa page Facebook, Sandra Regol conclut : "le plus important reste encore à faire avec @JLMelenchon". Les sympathisants écologistes feront sans doute comme l'annonce Denis Robert, soutien du Front de gauche et de France insoumise : "s'il y a rupture [entre Hamon et Mélenchon] nous comprendrons pourquoi et sur quels points (…) et nous voterons en conséquence".

Cela vaudra sans doute pour les près de 80% des votants ayant exprimé leur accord à la plateforme commune Hamon-Jadot. Encore davantage pour les abstentionnistes ou les autres participants. Tant pour les présidentielles que pour les législatives : voter Mélenchon à la présidentielle n'empêchera pas de voter Julien Bayou à Paris (3e et 10e ar.). Ou d'avoir voté Hamon et de reconduire François de Rugy. Presque tous les cas de figure sont envisageables à la fois en l'état et surtout en fonctions des évolutions à venir. Le problème est similaire du côté de France insoumise et du Parti communiste. De plus, la Ve République favorise le réflexe du "vote utile" qui ne s'appréciera pas de la même façon si une cohabitation se profile ou non…