Encore une affaire qui vient entacher la crédibilité du groupe Les Républicains dans la course à la présidentielle, après l'affaire Fillon et celle Sarkozy. Hier, c'est la maire d'Aix-en-Provence, grande agglomération des Bouches-du-Rhône, qui a été renvoyée en correctionnelle. La cause en est, selon la juge à l'origine de ce renvoi, " un rapport complexe avec l'intérêt général, de népotisme et de désinvolture dans l'engagement des deniers publics." Toute cette histoire est vieille de près de 3 ans, quand, dans le cadre des élections municipales, la maire d'Aix-en-Provence était une première fois mise en examen pour détournement de fonds publics et prise illégale d'intérêts.
Maryse Joissains-Masini a fait appel de son renvoi devant le tribunal correctionnel, mais elle risque 10 ans de prison et une amende d'un million d'euros.
Prise illégale d'intérêts
Pourquoi la maire d'Aix-en-Provence est-elle soupçonnée de prise illégale d'intérêts ? Parce qu'on la soupçonne d'avoir profité de son rang de maire pour faciliter, par ses influences, la promotion de son chauffeur personnel au poste d'agent territorial à la Communauté d'Agglomération du Pays d'Aix, ou CPA. Ce poste n'était intéressant que pour sa rémunération, en argent public bien entendu : 4400 € net par mois. A la différence du cas Fillon, ici, le problème n'est pas que ce chauffeur personnel n'ait pas réellement fourni de travail en tant qu'agent territorial, mais plutôt que sa promotion était injustifiée.
Quels arguments la maire d'Aix-en-Provence aurait-elle pu avancer pour expliquer la promotion de son chauffeur ? De ce fait, sa nomination a finalement été annulée par la cour d'appel de Marseille à la fin de l'année 2016, mais Maryse Joissains-Masini ne l'a pas toléré, et a décidé de saisir le Conseil d'Etat.
Cela autorise la juge d'instruction en charge du dossier à questionner les faits : qu'est-ce qui justifiait que ce chauffeur bénéficie d'une telle promotion, alors qu'il multipliait déjà les postes dans l'administration aixoise ?
Car il n'a cumulé pas moins de 4 emplois : chauffeur, assistant parlementaire, attaché territorial et collaborateur au cabinet de la maire d'Aix. Bien entendu, il n'a pas exercé tous ces emplois simultanément - Maryse Joissains-Masini n'étant plus députée -, mais il est étrange qu'il ait eu accès à ces 4 emplois aussi facilement.
Bref, la juge d'instruction conclut son ordonnance de renvoi en correctionnelle avec humour, que ces nombreuses fonctions " suggèrent l'abondance de ses qualités."
Détournement de fonds publics et emploi fictif
D'ailleurs, le chauffeur personnel de madame Joissains-Masini n'a pas été le seul à bénéficier des bonnes grâces de sa patronne, car un poste a également été obtenu pour son fils. En effet, lui aussi a pu " travailler " à la CPA au même titre que son père, en percevant un salaire attractif. Seulement, là, comme dans le cas Fillon, il n'aurait pas véritablement fourni de travail et aurait quand même touché une rémunération... en argent public ! De sorte qu'il a également été renvoyé en correctionnelle.
Pourquoi n'a-t-il pas fourni le travail qu'il devait fournir ? Tout simplement parce qu'il n'en avait pas. En effet, il avait été affecté, dans le cadre d'une mission de service public, auprès d'une piscine qui était en fait restée fermée toute l'année. En plus de cela, il a bénéficié d'une voiture de fonction alors même qu'il n'a jamais eu besoin de se rendre à cette piscine.