Il était difficile pour certains démocrates et indépendants de devoir soutenir le candidat vainqueur de la primaire de la droite et du centre - car, bien avant le résultat des urnes, ceux-ci savaient pertinemment que ce n'était pas un candidat du centre qui l'emporterait. Pour eux, le meilleur candidat aurait été Alain Juppé, mais ils ont dû tenir le cap et respecter les règles de la primaire malgré la nomination de François Fillon. Cependant, une bonne partie d'entre eux n'ont pas accepté le manque de parole et la mise en examen du député de Paris.

D'où une importante hémorragie dans les rangs de l'UDI vers le camp d'Emmanuel Macron, depuis l'annonce de la mise en examen de François Fillon. Aujourd'hui, c'est l'heure du rassemblement derrière le candidat de la droite, pour Jean-Christophe Lagarde, patron de l'UDI, qui tente tant bien que mal de stopper l'hémorragie.

10 sénateurs UDI rejoignent Macron

Dans une tribune parue ce matin au JDD, ces 10 élus ont décidé de révéler leur position concernant la présidentielle, en justifiant leur choix de soutenir Emmanuel Macron : " La méthode choisie par Emmanuel Macron est la bonne : ne pas diviser, ne pas chercher à monter les Français les uns contre les autres." Selon ces derniers, la logique partisane vacillant sans cesse entre la droite et la gauche ne tient plus, les uns annulant les actions de leurs prédécesseurs après avoir été élus, rendant la France ingouvernable.

En tant que centristes, ils sont attachés à un rassemblement commun de certaines des idées de la gauche et de certaines des idées de la droite, pour peu qu'elles ne se contredisent pas. Voici les noms des 'coupables' qui ont décidé de soutenir Emmanuel Macron : Leila Aïchi (sénatrice de Paris), Michel Cavenet (Rhône), Bernard Delcros (Cantal), Jean-Marc Gabouty (Haute-Vienne), Jacqueline Gourault (Loir-et-Cher), Jean-Jacques Lasserre (Pyrénées-Atlantiques), Michel Mercier (Rhône), Christian Namy (Meuse), Gérard Roche (Haute-Loire) et enfin Jean-Marie Vanlerenberghe (Pas-de-Calais).

Selon ces derniers, le candidat d'En Marche ! est très attaché à la moralisation de la vie publique, ce qui est également d'une importance capitale pour les centristes. Or, François Fillon, qui se targuait d'être le plus irréprochable des candidats de la droite, fait sombrer dans la défiance à cause de ses démêlés judiciaires.

De plus, Emmanuel Macron est le seul à ne pas passer son temps à condamner l'Europe, et la construction européenne est justement l'un des piliers autour desquels gravitent les centristes.

Lagarde appelle à la discipline

C'est une fuite importante de la part d'élus UDI, en sachant que ce petit parti de centre-droit ne comporte que 42 sénateurs. Ainsi, le patron du parti, Jean-Christophe Lagarde, a été obligé de réagir, et appelait déjà hier soir à " garder le cap " derrière François Fillon pour mieux se rendre incontournables dans la majorité, l'opposition, ou " peut-être la recomposition." Selon ce dernier, la majorité promise par Emmanuel Macron rendrait la France ingouvernable car elle serait incohérente, ce qui ne serait pas le cas de celle de l'actuel député de Paris. Ainsi, le parti a décidé de sanctions contre ces élus qui ne respecteraient pas le résultat de la primaire, même s'il ne le clame pas haut et fort.