Hier soir mercredi, le débat entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron avant le second tour de l'élection présidentielle était particulièrement animé ! Les deux candidats ont enchaîné les attaques l'un envers l'autre, au risque de laisser échapper quelques erreurs et imprécisions. C'est d'ailleurs Marine Le Pen qui a été la plus mauvaise élève de la soirée.

Sur le thème de l'Europe, la présidente du Front National a donné à son adversaire le chiffre de 9 milliards d'Euros qui correspondrait à ce que coûte l'Union Européenne à la France chaque année.

Le chiffre est correct, mais correspond à l'année 2013. En 2015, la différence entre ce que gagnait la France et ce qu'elle dépensait dans le cadre des politiques européennes n'était plus que de 4,5 milliards, soit la moitié de la somme avancée par Marine Le Pen. Par ailleurs, cette dernière se trompe quand elle déclare que "de 1993 à 2002, toutes les grandes entreprises pouvaient payer en Euros" ; à cette période, notre monnaie n'était jamais utilisée dans les échanges entre sociétés privées.

Chômage, emploi : des chiffres erronés

Sur un autre thème, selon Emmanuel Macron, la France serait le seul pays européen à être encore paralysé par un chômage de masse. Mais il oublie qu'avec 10.1% de la population active en recherche d'emploi (selon Eurostat), notre pays reste loin de l'Espagne (18.2%) ou de l'Italie (11.7%).

Par ailleurs, en annonçant que la France comptait davantage de chômeurs dans les années 90, l'ancien ministre de l'Economie dit vrai en termes de pourcentages - le taux de chômage de la France était de 10.4% au deuxième trimestre 1994 (contre 10.1% actuellement) - mais il se trompe si on prend en compte le nombre de demandeurs d'emploi, qui est plus élevé en 2017.

Par la suite, Marine Le Pen a souligné la présence d'Emmanuel Macron à la tête du ministère de l'Economie lors de la vente de SFR à Numéricable. En réalité, le ministre de l'époque était Arnaud Montebourg, mais son successeur était déjà secrétaire général adjoint de l'Elysée, ce qui en faisait l'un des plus proches conseillers du président François Hollande.

Justice et sécurité

Après avoir souligné la présence d'un lobbyiste pharmaceutique dans l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron - ce qui est faux, car il a depuis démissionné de ses responsabilités au sein du mouvement En Marche - Marine Le Pen a indiqué que Karim Cherfi, le terroriste qui a tué le policier Xavier Jugelé sur les Champs-Elysées le 20 Avril dernier, violait son contrôle judiciaire depuis un an et demi. Cette affirmation est fausse, car le terroriste était en réalité sous le régime du sursis et d'une mise à l'épreuve.

Emmanuel Macron et Marine Le Pen se sont également écharpés au sujet de leurs rapports avec l'UOIF (Union des Organisations Islamiques de France), s'accusant mutuellement de complaisance à l'égard de ce mouvement.

La présidente du FN accuse l'ancien ministre d'avoir un collaborateur aux liens douteux avec le "fondamentalisme islamique", mais elle semble ignorer que le responsable en question a été écarté du mouvement En Marche - sans toutefois être suspendu. De son côté, Emmanuel Macron accuse le compagnon de son adversaire, Louis Aliot, d'avoir participé à des colloques communs avec certains dirigeants de l'UOIF.

Enfin, alors que Marine Le Pen accusait son adversaire de n'avoir aucun projet en matière de sécurité, l'ancien ministre du gouvernement Valls en a profité pour dérouler ses propositions en évoquant le retour d'une police de terrain, l'embauche d'agents supplémentaires et le renforcement de nos services de renseignement pour mieux lutter contre le terrorisme.