Pendant que les malheureux perdants du Front National imaginent une recomposition totale de leur parti, les militants d'En Marche savourent la victoire de leur candidat Emmanuel Macron, élu hier président de la République avec environ deux tiers des voix (66,1 %). De son côté, la présidente du FN a annoncé une "transformation" en profondeur de son parti, qui devrait, selon Florian Philippot, aller jusqu'à changer de nom. L'objectif est de devenir la première force d'opposition en France, en marquant clairement la différence entre "les mondialistes et les patriotes".

Marine Le Pen estime en effet que le clivage classique entre la gauche et la droite est aujourd'hui révolu. Ce sont également les conclusions des Républicains, dont le porte-parole Jean-Pierre Raffarin prévoit une "refondation politique" après l'élimination, dès le premier tour, de son camp et du parti Socialiste.

Alors que les partis politiques se mettent désormais en ordre de marche pour les élections législatives, dont les deux tours auront lieu les 11 et 18 Juin, Emmanuel Macron a reçu les soutiens et félicitations de nombreuses personnalités du parti Socialiste, comme Ségolène Royal : "On a la chance d'avoir un président dynamique", analyse l'ancienne candidate de 2007. A droite, Bruno Le Maire, l'un des perdants de la primaire des Républicains, n'écarte pas lui non plus une participation à l'action du nouveau gouvernement : "En homme de droite, je dis qu'il y a une porte qui s'ouvre pour un quinquennat utile.

(...) Oui, je pourrais travailler dans une majorité de gouvernement".

Première visite en Allemagne pour le nouveau président

Par ailleurs, les premiers rendez-vous officiels du nouveau président de la République vont désormais rapidement s'enchaîner. Après avoir certainement rendu visite aux troupes de l'armée française, Emmanuel Macron devrait aller "à Berlin pour sa première visite dans un pays étranger", a indiqué la députée européenne Sylvie Goulard sur CNews.

En attendant, il participe ce matin aux cérémonies de commémoration du 08 Mai 1945 à Paris, aux côtés du président sortant François Hollande.

Déjà un bras de fer avec les syndicats ?

Mais dans les prochaines semaines, après avoir formé son gouvernement, Emmanuel Macron va commencer à mettre en place ses nouvelles mesures, notamment en matière de droit du travail, grâce à des ordonnances.

Cette procédure législative simplifiée permet aux lois d'être immédiatement mises en application sans avoir à attendre leur ratification par le parlement. Dès aujourd'hui lundi 08 Mai, la CGT et Force Ouvrière organiseront des rassemblements protestataires contre ce qu'ils qualifient de "casse du code du travail".

Pendant sa campagne, le nouveau président de la République avait néanmoins expliqué cette démarche : "Je veux que la loi définisse des principes incontournables, puis, aux niveaux des branches et des entreprises, on négocie sur le terrain". C'est donc à davantage de flexibilité que les travailleurs français seront confrontés à l'avenir, et les syndicats tiennent à faire entendre leur voix avant même la publication des premières ordonnances.

Le salaire minimum ne pourra toujours pas être en dessous du seuil légal fixé par l'Etat, mais les conditions de travail et les salaires seront négociés par entreprise. Si la majorité des syndicats s'y oppose, un référendum sera proposé aux salariés de l'entreprise en question. Parallèlement, Emmanuel Macron souhaite limiter les indemnités prud'homales en cas de victoire du salarié face à son employeur.

Les semaines suivant le deuxième tour des élections législatives devraient donc être mouvementées au sommet de l'Etat, mais également au sein de la population, pas forcément préparée ni au courant des mesures parfois floues développées par Emmanuel Macron pendant sa campagne. A suivre...