Avec respectivement 20,01 et 19,58% des suffrages exprimés, François Fillon et Jean-Luc Mélenchon n'ont pas réussi à atteindre les chiffres d'Emmanuel Macron et Marine Le Pen afin d'être qualifiés pour le second tour de l'élection présidentielle. Vient maintenant l'heure des consignes de vote. Trois choix s'offrent à eux : voter pour le leader d'En Marche, pour la présidente du Front National, ou voter blanc.
Du côté de François Fillon et de ses équipes, le choix est clair face aux médias : il faut voter pour Emmanuel Macron, qui sera également le choix d'Alain Juppé et Nicolas Sarkozy dimanche prochain.
Mais qu'en est-il des militants ? Selon un sondage Ipsos, 33% des électeurs des Républicains sont prêts à glisser un bulletin Marine Le Pen dans l'urne au second tour. 38% d'entre eux choisiront Emmanuel Macron, alors que 19% n'ont pas encore pris leur décision. On note toutefois que la passerelle entre Les Républicains et le Front National est de plus en plus fréquentée par les électeurs de droite, qui n'étaient que 30% à soutenir le parti créé par Jean-Marie Le Pen aux dernières élections départementales face à un second tour Gauche-FN. Déjà à l'époque, plusieurs militants lepénistes avaient été élus.
LR : Le Pen, Macron ou blanc ?
On remarque donc facilement que si la gauche française est partie divisée au premier tour des présidentielles, la droite n'a rien à lui envier actuellement, tiraillée entre le libéralisme économique d'Emmanuel Macron et les positions conservatrices de Marine Le Pen en terme d'immigration, de sécurité ou de défense des valeurs familiales ; des idées que François Fillon avait choisi de mettre en avant pendant sa campagne.
Mais comme l'explique le député LR des Hauts-de-Seine, Thierry Solère, dans des propos rapportés par Le Monde : "François Fillon s’est renfermé sur une seule catégorie de la droite pendant sa campagne. Ce positionnement, et le fait qu’il a énormément attaqué Macron tout en oubliant Marine Le Pen, nous complique la tâche aujourd’hui pour convaincre nos électeurs de voter Macron pour barrer la route au FN".
Cependant, certains élus Républicains classés le plus à droite, comme Laurent Wauquiez ou Eric Ciotti, ont appelé à voter blanc ou s'abstenir, rappelant qu'Emmanuel Macron était responsable du bilan du dernier quinquennat, déplorable selon la position officielle des Républicains.
Jean-Luc Mélenchon : Macron ou blanc ?
De son côté, l'ancien président du parti de Gauche, devenu leader de la France Insoumise, donne une seule consigne pour le 07 Mai : ne pas voter pour le Front National, sinon "vous pousseriez le pays à un embrasement général dont personne ne voit le bout".
En revanche, pas question d'appeler à voter pour Emmanuel Macron non plus ; pas de front républicain pour l'ancien socialiste, qui refuse de "donner des brevets de pompiers à des pyromanes". Il refuse même de dire s'il votera blanc.
Mais pourrait-il changer d'avis ? Visiblement, non. Car si Jean-Luc Mélenchon a noté avec regret l'appel de Marine Le Pen adressé à ses électeurs, il déplore l'absence de gage donné de la part d'Emmanuel Macron, qui a choisi de ne pas tenir compte des 19,6% des voix récoltées au premier tour par la France Insoumise, oubliant également que son leader aurait pu être en tête au premier tour si Benoit Hamon avait retiré sa candidature. Aujourd'hui, Jean-Luc Mélenchon a un nouvel objectif : gagner les législatives et imposer un gouvernement de cohabitation au vainqueur du second tour : "Dans un mois, nous allons tous ensemble nous débarrasser de la politique de Mr Macron", pronostique-t-il sur TF1.
Enfin, Jean-Luc Mélenchon n'exclut pas sa propre candidature au mois de Juin, dans la circonscription d'une grande ville comme Paris, Toulouse ou Marseille.