Hier, la France a perdu une des icônes des droits de la femme : Simone Veil. Rescapée des camps de concentration, elle s'est fait connaître en tant que ministre de la Santé sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, notamment grâce à la " loi Veil " du 17 janvier 1975, qui dépénalisait le recours à l'avortement, ou interruption volontaire de grossesse. Aujourd'hui, parmi la classe politique, presque plus personne n'envisage de revenir sur cette réforme considérée comme révolutionnaire à l'époque pour le droit des femmes. Pourtant, à l'époque, son projet de loi avait provoqué des débats houleux à l'Assemblée nationale, certains députés allant même jusqu'à la qualifier d'assassine, de " nazie ", oubliant qu'elle avait elle-même subi la torture dans un camp de concentration.

Son discours à l'Assemblée, resté célèbre, commençait ainsi : " Une femme ne recourt pas à l'avortement de gaieté de coeur." Malgré les caricatures qui en étaient faites à l'époque par la droite et l'extrême droite, Simone Veil est restée prudente sur le sujet de l'avortement, précisant qu'elle était défavorable à sa banalisation, qu'il n'en était pas moins un " drame " et que, si sa loi ne l'interdit plus, elle ne crée aucun droit à l'avortement.

Combat contre le mariage homosexuel

Cependant, si elle était à l'initiative du droit à l'IVG, et ainsi récupérée, à ce titre, par la gauche progressiste, elle est rapidement tombée en désuétude dans ce mouvement politique puisque, lors du quinquennat de François Hollande, elle s'est illustrée par son combat contre le droit au mariage homosexuel.

Le 13 janvier 2013, elle figurait même parmi une manifestation parisienne contre le mariage homosexuel et l'homoparentalité. Cette prise de position n'a, par la suite, pas été davantage justifiée par Simone Veil.

Hommages

En France, l'hommage a été quasi unanime. Ainsi, le Président de la République s'est exprimé à son sujet : " La France en deuil exprime à madame Veil sa gratitude.

Puisse son exemple inspirer longtemps nos compatriotes, qui y trouveront le meilleur de la France." Un hommage similaire lui a été rendu par l'ancien Président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, qui l'avait nommé ministre de la Santé, lui permettant de porter au Parlement le projet de loi sur le droit à l'avortement.

Même Nicolas Sarkozy, pourtant peu apprécié de cette dernière, a tenu à s'exprimer en rappelant son admiration, son amour et son amitié pour Simone Veil. Des intellectuels se sont également mobilisés pour rendre hommage à l'ancienne ministre de la Santé, et pas seulement en France, mais partout en Europe. Par exemple, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a souligné son rôle dans la construction européenne, elle qui avait connu les " déchirements de l'Europe dans sa chair." Hier soir, les Parisiens se sont rendus au pied de son immeuble pour déposer des gerbes ainsi que des mots.

Seule la voix de l'extrême droite est restée floue dans ce défilé de louanges. Ainsi, la présidente du Front National s'est contentée de présenter ses condoléances à sa famille, de reconnaître qu'elle avait marqué l'histoire, mais uniquement en évoquant son combat pour la Mémoire de la Seconde Guerre mondiale, et non pas celui pour l'avortement.

Au sein même de ce parti, tout le monde n'est pas d'accord sur l'attitude à adopter vis-à-vis de la figure de Simone Veil. Des réactions personnelles de la part de certains élus FN ont même pointé du doigt la responsabilité de cette dernière dans " les millions de morts que sa loi a générés." Néanmoins, ils ont rapidement été rappelés à l'ordre par leur direction. En effet, le combat contre l'extrême droite fut celui de toute une vie pour cette femme qui fut déportée sous l'occupation.